Nombre total de pages vues

vendredi 25 février 2011

France et Turquie toujours en désaccord sur l'UE

Hier, 20h17

Reuters Yann Le Guernigou

Nicolas Sarkozy et les dirigeants turcs ont fait assaut d'amabilités vendredi, sans toutefois parvenir à rapprocher leurs points de vue sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

FRANCE ET TURQUIE TOUJOURS EN DÉSACCORD ...

Copyright © 2011 Reuters

Venu à Ankara pour rallier la Turquie aux objectifs de sa présidence du G20, le chef de l'Etat français a réitéré son hostilité à cette perspective, cependant que ses hôtes, qui négocient depuis 2005 pour y donner corps, lui reprochaient une "mauvaise approche" du problème.

Ce dossier a dominé la conférence de presse commune de Nicolas Sarkozy avec son homologue Abdullah Gül, qui a demandé aux pays européens de tenir leurs engagements en laissant la négociation entamée il y a six ans aller jusqu'au bout.

Il a reconnu que, même si son issue était favorable, la décision ultime reviendrait à chacun des pays de l'UE.

Interpellé par des journalistes, le président français s'est défendu d'être seul à s'opposer à une Turquie européenne.

"J'ai toujours considéré que discuter c'était utile et qu'il y avait un chemin entre une perspective d'adhésion, que nous sommes un certain nombre de pays de l'Union européenne à considérer comme inopportune, et la suppression de toutes formes de discussions pour permettre de rapprocher la Turquie" de l'UE, a-t-il dit.

"Et je pense que la façon la plus utile de sortir de ce qui risque d'être un jour une impasse c'est d'essayer de discuter pour trouver les voies d'un compromis", a-t-il ajouté.

Soutenue par l'Allemagne, la France propose de longue date un accord de partenariat privilégié entre le Vieux Continent et la Turquie musulmane de préférence à l'entrée dans l'UE d'un pays musulman de 73 millions d'habitants.

CHANGEMENT DE RÈGLES

Dans une interview jeudi à la télévision turque, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a accusé Paris et Berlin, qui s'opposent à l'ouverture de certains chapitres du processus d'adhésion, de vouloir "changer les règles du jeu au milieu de la partie".

"L'UE a besoin de la Turquie, la Turquie a besoin de l'UE", a-t-il dit. "Ils veulent sans doute que nous renoncions, mais nous résistons", a-t-il ajouté, en affirmant qu'Ankara, qui est bien décidé à adapter son économie aux normes européennes, n'entendait pas quitter la table des négociations.

Nicolas Sarkozy lui a répondu vendredi en déclarant que, si la Turquie avait des "lignes rouges" dans ce dossier, la France en avait aussi et qu'il fallait s'efforcer de les comprendre.

"Vous avez une opinion publique, j'en ai une aussi. Ça ne veut pas dire qu'on a raison, ça veut dire qu'il faut discuter pour trouver les voies d'un compromis".

Mais Nicolas Sarkozy s'est employé à faire en sorte que ce désaccord ne pèse pas outre mesure sur des relations franco-turques étroites, au moins dans le domaine économique.

Critiqué aussi pour avoir limité à moins de six heures la première visite d'un président français en Turquie depuis 1992, il a ainsi accepté de revenir dès cette année pour un séjour cette fois officiel et plus long qui inclura une étape à Istanbul, la capitale économique du pays.

Il a proposé en outre que la Turquie accueille en avril un séminaire au niveau ministériel sur la régulation des marchés des matières premières, un des grands thèmes de la présidence française du G20, sur le modèle de ceux organisés dans d'autres pays sur l'évolution du système monétaire international.

Nicolas Sarkozy a fait part enfin de la disponibilité de la France pour conclure un "partenariat sans limite" avec la Turquie dans le nucléaire civil et indiqué que Paris se situait "clairement au côté de la démocratie turque" dans la lutte contre le terrorisme.

Edité par Yves Clarisse