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jeudi 24 février 2011

Kadhafi accuse Al Qaeda et Ben Laden d'être derrière les manifs (mis à jour)

il y a 10 min

Rue89

Dessin de Baudry

Dans son troisième discours en trois jours, Mouammar Kadhafi a accusé ce jeudi Oussama Ben Laden et Al Qaeda d'être derrière les manifestations hostiles qui se développent depuis une semaine et ont évincé son pouvoir dans des pans entiers de la Libye. Ce discours incohérent, improvisé, était fait par téléphone à la télévision libyenne et, contrairement aux deux précédents, ne montrait pas l'image du dirigeant libyen.

S'adressant directement aux Libyens, il a repris ses arguments des discours précédents, affirmant que les jeunes qui se révoltent contre lui sont drogués, et en a appelé à l'autorité parentale et celle des gens « raisonnables », mariés et pères de famille, pour rétablir l'ordre.

Mouammar Kadhafi a affirmé que le soulèvement n'était pas provoqué par le courant salafiste ou par les Frères musulmans, dont il a dit qu'ils avaient renoncé à la violence, mais a blâmé Ben Laden et Al Qaeda : « voilà ce que vous suivez », a-t-il dit.

« Ils se moquent de vous, ils se moquent de notre agriculture ou de la santé. Tout ce qu'ils veulent c'est la mort de vos enfants. C'est tout ce que veut Ben Laden, il doit être content aujourd'hui. »

Kadhafi a également souligné qu'il n'avait désormais pas plus de pouvoirs « que la reine d'Angleterre ». « Je suis un leader symbolique, il y a des institutions qui gouvernent », a-t-il affirmé.

« Je vous ai remis l'autorité en 1977, c'est à vous de décider », a ajouté Kadhafi en faisant allusion aux structures de la Jamahiriya et aux comités populaires qui sont censés incarner le pouvoir.

Ce discours apparait totalement improvisé, avec les accès de colère et de paternalisme d'un homme visiblement dépassé, qui tente une nouvelle fois - une dernière fois - d'inciter son peuple au calme, et surtout d'inciter les plus vieux à calmer les plus jeunes, selon un ordre traditionnel.

Ce discours survient au septième jour de protestations, alors que l'Est du pays est tombé entre les mains des protestataires, mais aussi certaines localités proches de Tripoli, comme Az Zawiyah, à l'ouest de la capitale, qui a été attaquée dans la matinée par les forces loyales à Kadhafi, selon Al Jazeera. Kadhafi a fait allusion à cette localité et à sa tribu dans l'espoir de retourner la situation dans cette localité, historiquement importante, et dont la « chute » pourrait avoir un impact important.

Selon Al-Arabiya, le discours aurait été prononcé depuis un bunker où le dictateur est retranché.

Misurata à nouveau attaquée par des mercenaires

La ville de Misurata, à l'Est de Tripoli, est de nouveau attaquée par des mercenaires employés par Kadhafi. Ces attaques ont fait plusieurs morts ce jeudi, et une bataille fait rage sur la place Al Seekit.

Une source libyenne sur place assure que la population s'est armée et parvient à repousser les mercenaires, mais les combats se poursuivent dans Misurata.

Pris aux piège, les civils pour l'instant ne peuvent quitter la ville ni par la route, ni par l'aéroport où des mercenaires seraient toujours en activité. Selon le groupe Freedom Libya, un petit garçon de 3 ans, Salem al-Heshani a été tué.

La ville, où se trouve l'école de l'armée de l'air, avait été libérée mardi par l'armée qui s'est rangée du côté des manifestants. Les armes des mercenaires avaient été confisquées. (Voir la vidéo)


Des bâtiments ont été attaqués, comme le montre a photo ci-dessous.

Freedom of Libya

Kadhafi est en train de négocier avec les tribus présentes à Zawia, troisième ville du pays. Leur soutien n'est plus acquis.

Les nouvelles en provenance de Tripoli sont rares : les communications par téléphone et par Internet sont impossibles. Un Libyen nous affirme :

« Quand Kadhafi parle de nettoyages, c'est sérieux. Les gens sont enfermés chez eux et on ignore ce qui va se passer. »

Au moins 2 000 morts selon le Quai d'Orsay

Selon l'agence catholique italienne Misna, il y aurait des exécutions sommaires dans des hôpitaux de Tripoli.
Des membres des comités révolutionnaires fidèles au colonel Kadhafi auraient fait irruption dans des hôpitaux de la capitale pour tuer les manifestants.

Le Quai d'Orsay avance le chiffre de 2 000 morts, par la voix de son ambassadeur aux droits de l'homme, François Zimeray.

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Zineb Dryef, Blandine Grosjean, Pierre Haski et Marie Kostrz

Illustration : dessin de Baudry