Nombre total de pages vues

jeudi 27 janvier 2011

Paris se défend d'avoir vendu des grenades à Ben Ali


LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 26.01.11 | 17h35 • Mis à jour le 26.01.11 | 20h22

Alors que le premier ministre, François Fillon, a assuré mercredi 26 janvier qu'il n'y avait eu "aucune exportation" vers la Tunisie de matériel de maintien de l'ordre en décembre et janvier, la société Sofexi, spécialisée dans le négoce de produits de maintien de l'ordre a indiqué en début de soirée avoir reçu des autorités françaises tous les agréments nécessaires à l'exportation de grenades lacrymogènes commandées "entre décembre et janvier" par le ministère tunisien de l'intérieur.

Ces affirmations de Sofexi confirment les informations du "Monde" selon lesquelles au moins quatre livraisons de grenades lacrymogènes à destination de la Tunisie ont été validées et autorisées par les autorités françaises, fin 2010.

"NOUS AVIONS TOUS LES AGRÉMENTS DES MINISTÈRES"

Le 14 janvier, une cargaison de grenades lacrymogènes, d'uniformes de police et de matraques avait été bloquée à Roissy, juste après le départ du président Ben Ali, mais les raisons exactes de ce blocage restent floues. A l'Assemblée, la gauche, lors d'une vive passe d'arme avec le premier ministre, a accusé le gouvernement d'avoir donné son accord fin 2010 pour cette livraison au régime du président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, qui réprimait alors des manifestations.

"La commande nous l'avons reçue entre décembre et janvier", a indiqué mercredi la société Sofexi qui, après réception de cette demande, a lancé sa demande d'agrément et l'a obtenu. "Nous avions tous les agréments des ministères concernés", a insisté la porte-parole de la société.

Sofexi a par ailleurs expliqué que les sociétés spécialisées dans ce type de matériel demandent des autorisations soit quand elles reçoivent une commande, soit par une autorisation préalable "quand commercialement (elle) se rend compte qu'il va y avoir de la demande. (...) Pour la Tunisie, les deux cas se sont produits" a précisé la société, sans donner plus de précisions.

Concernant la cargaison bloquée à Roissy, Sofexi indique que "c'est le premier cas" qui s'est appliqué. "Il n'y a eu aucune irrégularité de notre part", a tenu à ajouter la porte-parole du groupe, précisant que tous les documents présentés par sa société étaient en règle.

"ACCUSATIONS SANS FONDEMENT"

Ces informations abondent dans le sens des interrogations du député PS George Pau-Langevin, qui a interpellé François Fillon à l'Assemblée sur d'éventuelles exportations récentes de matériel de maintien de l'ordre, lors des questions au gouvernement. L'intéressé a vertement réagi, sous les huées de l'opposition, en lieu et place de sa ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie : "Les accusations que vous portez depuis deux jours sont des accusations sans fondement qui déshonorent ceux qui les portent" a lancé le premier ministre.

"Il n'y a eu aucune exportation de matériel de maintien de l'ordre – et nous ne parlons pas d'armes évidemment – ni au mois de décembre (2010) ni au mois de janvier (2011)", a assuré François Fillon. Cependant, si le chef du gouvernement a précisé qu'aucune livraison n'avait formellement été réalisée car les envois avaient été bloqués par les douanes, il a dans le même temps indiqué que les autorisations données par le gouvernement ne portaient pas sur les matériels finalement retenus en France. Des affirmations en contradiction avec les informations données par la société Sofexi mercredi soir.