'L'outil du régime était le ministère de l'intérieur et rien n'a changé à cet égard', estime Ali Zeddine, vice-président de l'Organisation tunisienne des droits de l'homme, qui entretenait des relations tendues avec le dirigeant chassé par la rue le 14 janvier. 'Il y a des gens dans l'obscurité qui ont truqué les élections, supervisé la répression et l'appareil (d'Etat) comme la police politique, la police de sécurité et d'autres. A défaut de changements de fond, les choses pourraient vraiment revenir au point de départ', explique-t-il.
UN APPAREIL OMNIPRÉSENT
Depuis le renversement de Zine Ben Ali, qui se présentait aux Occidentaux comme le rempart contre le péril islamiste, un gouvernement d'union a été formé à Tunis, composé en partie de cadres de l'ancien régime, dont l'actuel ministre de l'intérieur, Ahmed Friaa. Ce dernier a été nommé à ce poste dans les derniers jours du règne de Ben Ali, lorsque celui-ci, confronté au soulèvement populaire, a remercié son précédent ministre de l'intérieur pour tenter d'apaiser la colère de la rue.
Mais les défenseurs des droits de l'homme accusent Ahmed Friaa d'être désarmé face aux intérêts bien ancrés d'un appareil de sécurité et de renseignement omniprésent et omnipuissant pendant l'ère Ben Ali. Cet appareil pourrait craindre pour son avenir si les nouveaux dirigeants tenaient leur promesse de tourner complètement la page et de demander des comptes pour les crimes du passé.
Sihem Bensédrine, une figure de l'opposition harcelée sous le régime Ben Ali pour avoir tenté de créer un site d'information indépendant sur Internet, assure quant à elle que la surveillance n'a pas cessé la semaine passée. 'On continue à nous enregistrer, à nous filer. La cyberpolice est toujours opérationnelle', dit-elle. 'J'ai été suivie, je les ai vus.' Elle fait état d'informations parvenues au Conseil national pour les libertés, une organisation qu'elle dirige, selon lesquelles des policiers en civil se seraient mêlés aux manifestations antigouvernementales de ces derniers jours dans le centre de la capitale.... lire la suite de l'article sur Le Monde.fr