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lundi 17 janvier 2011

Alliot-Marie lâchée par l’Elysée

Pour Henri Guaino, la ministre s’est exprimée sur la Tunisie « à partir d’une analyse qui est la sienne ».

Michèle Alliot-Marie lors d'une réunion de "crise" à l'Élysée samedi

Auditionnée ce matin par les parlementaires au sujet de la situation en Tunisie, Michèle Alliot-Marie risque fort de passer un mauvais quart d’heure. La ministre des Affaires étrangères est sous le feu des critiques depuis qu’elle a cru devoir proposer à Tunis le « savoir-faire » français en matière de maintien de l’ordre, trois jours avant la fuite du président Ben Ali et alors que les manifestations étaient réprimées dans le sang. « Scandaleux » pour Ségolène Royal, « une grave faute » pour Laurent Fabius, et même une « honte pour notre diplomatie » aux yeux du socialiste Pierre Moscovici. Le député communiste Jean-Jacques Candelier a même réclamé, hier, sa démission.

« Catéchisme pro-Ben Ali »


Cible de l’opposition, Michèle Alliot-Marie n’est guère soutenue par son propre camp. Interrogé sur RTL, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a pris ses distances hier avec les propos de la ministre. Elle a parlé « sans mauvaise intention du tout, à partir d’une analyse qui était la sienne », a-t-il dit. Doit-elle présenter ses excuses, comme le suggère Cécile Duflot (Verts) ? « Vous lui poserez la question », a-t-il éludé. Des critiques à peine voilées qui ont fait bondir hier un ancien ministre. « Il faut savoir ce que disait Sarkozy de Ben Ali en Conseil des ministres ! Alliot-Marie, elle était tout simplement imprégnée par trois années et demie de catéchisme pro-Ben Ali… »

Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, est monté hier au créneau pour « rappeler à tous ceux qui sont prompts à donner des leçons que nul, au moment où la ministre des Affaires étrangères a répondu, ne savait mesurer la portée des événements et encore moins ce qui allait se passer » en Tunisie. « Sans doute avons-nous, les uns et les autres, sous-estimé le degré d’exaspération de l’opinion publique face à un régime policier » et « dictatorial », a concédé hier le ministre de la Défense, Alain Juppé, dans une esquisse de mea culpa des autorités françaises.

Par Christine Ollivier
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Michèle Alliot-Marie lors d'une réunion de "crise" à l'Élysée samedi SIPA