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mardi 18 janvier 2011

Notre serment

Avec ses différents supports, Dar Assabh reste l’entreprise de presse pérenne. Notre consœur Assabah a été aux avant-postes du combat pour l’Indépendance puis du combat –autrement plus ardu – pour le progrès, pour l’édification d’un Etat et pour le raffermissement de la Nation.

C’est là l’esprit ayant présidé à sa fondation par feu Habib Cheikhrouhou, un visionnaire, un précurseur et un militant de la première heure.


Dans sa longue histoire, Dar Assabah a formé des générations et des générations. Elle reste l’école par excellence : Assabah, référence arabophone incontournable, à l’adresse du monde arabe et, même, en Occident... Le journal de l’intelligentsia constructive, toutes sensibilités confondues. «Le Temps», miroir de la société, de la proximité et reflet du débat politique contradictoire… Ce débat que les chancelleries occidentales en Tunisie prennent en considération.

Et puis nos autres supports, véritables aires d’informations et de lecture.

Notre groupe aura néanmoins vécu de sérieuses convulsions, au péril même de sa survie.

En tous les cas, il est toujours resté légitimiste et légaliste. Et la légitimité seule l’histoire la confère ; la légalité, seules les institutions en sont garantes. Jamais, néanmoins, notre groupe n’a raté un rendez-vous avec l’histoire. Il a toujours épousé les causes de la liberté, de la démocratie, des droits de l’Homme et de la souveraineté nationale. Aujourd’hui c’est nous autres journalistes, techniciens, employés –et bien sûr avec l’appui de la Direction générale – qui plaçons notre fauteuil dans le sens de l’histoire. Nous faisons le serment d’aller encore plus vers les lecteurs, d’épouser la noble cause du peuple et de nous affranchir pour toujours des jougs et du diktat d’où qu’ils viennent. Nous œuvrerons à la légitimation des choix du peuple et lui seul ; nous axerons notre action vers la construction d’un avenir commun, loin de la marginalisation, de l’instrumentalisation et de la chasse aux sorcières. Ces derniers temps furent intellectuellement difficiles pour nous. Rien de plus avilissant qu’un journaliste bâillonné en effet. Mais quand même nous avons dit les choses presque comme elles se présentaient ; jouiions aux funambules et nous nous faisions censurer et taper sur les doigts…

Pour que survive Dar Assabah au dessus des personnes et au dessus des intérêts égoïstes…Et si le journal est encore debout c’est parce que ses lecteurs et la conscience collective savent que nous avons résisté, en silence, comme des stoïciens, mais des stoïciens qui savaient qu’il y a toujours une crête après le creux de la vague et que, dans ses basculements, l’Histoire ne prévient personne. Pas même Ben Ali et son régime de terreur.

C’est là notre serment de journalistes appartenant à une entreprise de presse qui tel le chaîne, plie mais ne rompt pas.

La Rédaction


La Révolution du non-politicards

Dans les médias tunisiens, comme dans les médias internationaux, elle est maintenant connue sous le nom de la Révolution du Jasmin, quoique cette appellation ne plaise pas au journaliste palestinien et directeur du quotidien «Al-Qods Al Arabi», Abdelbari Attouane. Il lui préfère celle de la révolution des hommes libres.


Mais quelle que soit l’appellation, il y a unanimité pour affirmer qu’il s’agit d’un phénomène qui ne se produit qu’une fois par siècle.

Pour les Tunisiens, elle est comparable à celle de Ali Ben Ghedhahem, en 1864.

La Tunisie a connu, au cours de sa récente histoire, plusieurs mouvements de protestation sociale - les plus âgés parmi nous, ont encore à l’esprit les événements de janvier 1978 et de janvier 1984 - mais jamais au niveau national comme à l’échelle internationale, un mouvement mené par les jeunes et avec des moyens pacifiques, soutenus par, il est vrai, les nouvelles technologies de l’information, n’est arrivé à déboulonner un régime totalitaire et à forcer son symbole à fuir le pays.

Ce qui s’est passé et ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie, laisse les projecteurs du monde, braqués sur ce petit pays du Sud de la Méditerranée. Etats comme peuples suivent de près le développement de ces événements, les uns hantés par la peur d’une contagion qui ébranlera leur pouvoir, les autres submergés par l’espoir de voir l’exemple tunisien se rééditer chez eux.

Bien sûr, tous les pays et tous les peuples opprimés n’ont pas une armée imbue d’un sens du patriotisme comme l’est l’armée tunisienne.

Cette formidable institution prouve qu’elle est l’un des rares corps restés en dehors des manigances et de la gangrène de la corruption et que son vrai rôle est d’être au service du peuple et non du régime.

L’essentiel, aujourd’hui, est que le peuple, ceux qui ont mené la révolte et qui ont payé de leur sang le prix de la liberté, ne soient pas délestés de leur triomphe et pour que leurs acquis ne soient pas récupérés par les politicards de tous bords.

Et qu’ils soient aussi à la hauteur de l’image reluisante qu’il donnent au monde, celle d’un peuple civilisé, refusant la tutelle et la dictature quelle que soit leur origine.

Lotfi OUENNICHE


L’évasion des 1700 détenus de la prison de Chebba


Les évadés ont rallié les comités populaires de défense des quartiers, croyant pouvoir bénéficier d’une grâce générale

« Laissez-nous passer s’il vous plaît. Nous nous sommes évadés de la prison et nous voulons rentrer chez nous. Ne craignez rien. S’il vous plaît», disait le chauffeur d’une voiture aux jeunes bloquant le passage. Il ne s’agit pas d’une scène de film, ou du passage d’une histoire ou d’un roman. Nous sommes bel et bien à Sallakta, une petite ville côtière située à une dizaine de kilomètres de Mahdia. De par sa richesse naturelle, -une belle plage d’une réputation nationale- la ville est largement fréquentée durant la saison estivale.

Mais le mouvement qu’elle enregistre ces derniers jours, sort de l’ordinaire. Il est rare de voir en cette période, les jeunes dans les rues. Ils poursuivent d’habitude leurs études dans les lycées ou les universités. Les événements qui se sont succédés, depuis vendredi 14 janvier, jour de la fuite de l’ex président, et après les appels lancés pour protéger leur quartier, leurs biens contre les groupes des milices de la police présidentielle, tous les jeunes se sont mobilisés dans ce sens. Ils ont formé des comités et surveillent jour et nuit leur ville. Ils passent au peigne-fin toutes les voitures. Mais le samedi 15 janvier, vers 11 heures du matin, ils étaient face à une situation délicate. Trois voitures de transport en commun (communément connues Nakl Rifi et portant des enseignes des villes de « Malloulech » situé à 40 kilomètres du gouvernorat de Mahdia), s’arrêtèrent au niveau du barrage. Les passagers n’ont pas hésité à dire franchement qu’ils viennent de s’évader de la prison de Mahdia (connue prison de Chiba). Ils insistaient sur le fait qu’ils ne sont pas des malfaiteurs et suppliaient les jeunes à les laisser passer. Ils étaient d’ailleurs, accompagnés de quelques membres de leurs familles, notamment des femmes sexagénaires. Surprise, étonnement, bruit et chuchotement… L’information circula dans toutes les villes très rapidement. Délinquants, trafiquants contrebandiers de drogue, et voleurs ont été libérés. Une question se pose à ce niveau. Est-ce qu’ils se sont évadés réellement ou leur a-t-on leur a ouvert les portes? Une question qui reste pour l’instant sans réponse fiable ni confirmation.

Révolution

D’après les informations relatées par les « ex-détenus », respectivement natifs de la ville de Mahdia et de Kssour-Essef et les échos qui circulent, les prisonniers se sont révoltés vendredi, dans leur geôle et ce, juste après l’information diffusée sur les chaînes télévisées de la fuite du Président. La direction de la prison a éteint la télé, mais ils ont tout fait pour être informés sur ce qui se passe réellement en dehors de la prison. C’est confirmé, le dictateur est parti. Ils viennent aussi de savoir qu’un incendie s’est déclenché dans la prison de Monastir et que l’on enregistre une quarantaine de morts. Un grand mouvement commença dans la geôle dans une tentative de fuir via les fenêtres. Mais les gardiens ont tiré sur les évadés d’où certains de morts. Des instructions ont été par la suite données pour arrêter les tirs et libérer les détenus. « Ils ont d’ailleurs, pris tout leur temps pour ramasser leurs affaires et contacter leurs parents afin qu’ils viennent chercher », d’après les témoignages.

Une nouvelle phase vient de débuter pour ces évadés qui croient bénéficier d’une grâce générale. Ils mènent une vie ordinaire et ils se sont réintégrés rapidement dans la société. Ils se rendent utiles et font partie du comité populaire de défense des quartiers. Jusqu’à quand ? Nul ne le sait encore tanté que l’ordre n’est pas totalement rétabli dans le pays.

Sana FARHAT

PS : Aymen Ben Slama, 20 ans, victime de l’incendie de la prison de Monastir a été enterré samedi à Kssour Essaf, sa ville natale.

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8000 Mémoire du temps présent

Rebâtir les institutions… !

Par Khaled Guezmir

Le ferment révolutionnaire est le dernier recours des peuples et la seule thérapie à la sclérose et à l’immobilisme des sociétés quand elles sont soumises à un despotisme total et totalitaire !

Les Systèmes politiques même imparfaits peuvent persister et durer à condition de maintenir le minimum « vital » de fonctionnalité !

Une réforme par ci une réformette, par là… la chance aidant, une bonne pluie… une bonne récolte… et les années passent allègrement et le pouvoir se maintient ! Mais quand un système n’est plus capable de diffuser des objets de valeurs devenues inacceptables et non obligatoires par les peuples, leurs élites et l’ensemble du corps social et quand il y a un blocage systématique des pouvoirs de décision et de contrôle on arrive au stade du « seuil critique et de non retour » et la machine casse ! C’est ce qui s’est passé pour le régime politique dans notre pays. Ce fut le cas pour la Pologne de Jaruzelski, de la Roumanie, de la Bulgarie et bien d’autres pays qui nous ressemblent par la taille mais aussi par l’histoire de leur soumission à un pouvoir interdisant totalement la participation politique et administrant la société par la peur et le quadrillage hermétique et par une propagande dominante fanatisée et agressive !

Le système est tombé par les propres graines de la violence qu’il a semées : L’exclusion de l’autre, la diabolisation de toute « opposition » si minime soit-elle, la diffusion de la frustration générale et aiguë dans les couches fragiles mais sensibles et éveillées de la société… la jeunesse des Campus… des usines, de la rue et des campagnes. Enfin par une « mobilisation » intense mais malsaine autour « d’acteurs institutionnalisés » alors qu’ils n’ont aucune légitimité institutionnelle à part d’être « proches du pouvoir » !

L’accumulation de cette situation infectée par l’arrogance médiatique des responsables de l’ombre du système, a fini par enchaîner ses propres promoteurs et le pouvoir lui-même, qu’ils croyaient « servir » et défendre alors qu’ils ne faisaient que le détruire chaque jour un peu plus.

Les cris de rage et de révolte de la jeunesse tunisienne en ce 14 janvier 2011, cette « révolution du Jasmin » a été en fait une révolution contre l’absolutisme médiatique et totalitaire imposé depuis un quart de siècle à toutes les classes de la société y compris à une bonne partie de la classe dirigeante elle-même... qui n’a pas eu le courage de dire « Non » à tout cela au moment qu’il faut… ! Cette classe dirigeante complice et servile a subi des dégâts considérables et sa légitimité est aujourd’hui sérieusement menacée !

C’est pour cela qu’il faut réformer profondément les institutions afin d’éviter à la Tunisie de futures dérapages aussi sanglants !

L’espoir est permis. La Tunisie a de bons cadres dans toutes les tendances politiques… Ils sont capables de raison pour remodeler le système politique et lui donner la fonctionnalité nécessaire pour une participation politique la plus large possible et surtout mettre au Musée de l’Histoire la personnalisation excessive du pouvoir !

Une réforme constitutionnelle de grande envergure est nécessaire… une nouvelle assemblée constituante… pourquoi pas !

Car utiliser le cadre constitutionnel actuel est certes nécessaire dans l’immédiat pour stabiliser le pays et consolider la paix sociale et la sûreté, mais on ne peut instituer une démocratie participative libérale et modérée avec les instruments majeurs de l’absolutisme et le déséquilibre actuel des trois pouvoirs dans une constitution qui donne un pouvoir absolu et sans partage au détenteur de l’exécutif ! Les Tunisiens doivent à nouveau se réapproprier leur Etat et leur patrimoine national mais pour l’éternité.

Plus jamais une dictature qui s’approprie l’Etat… l’économie la finance et même la mémoire culturelle de notre peuple et sa longue Histoire !

Nous y reviendrons !

K.G.


Mémoire du temps présent

Rebâtir les institutions… !

Par Khaled Guezmir - Le ferment révolutionnaire est le dernier recours des peuples et la seule thérapie à la sclérose et à l’immobilisme des sociétés quand elles sont soumises à un despotisme total et totalitaire !

Les Systèmes politiques même imparfaits peuvent persister et durer à condition de maintenir le minimum « vital » de fonctionnalité !


Une réforme par ci une réformette, par là… la chance aidant, une bonne pluie… une bonne récolte… et les années passent allègrement et le pouvoir se maintient ! Mais quand un système n’est plus capable de diffuser des objets de valeurs devenues inacceptables et non obligatoires par les peuples, leurs élites et l’ensemble du corps social et quand il y a un blocage systématique des pouvoirs de décision et de contrôle on arrive au stade du « seuil critique et de non retour » et la machine casse ! C’est ce qui s’est passé pour le régime politique dans notre pays. Ce fut le cas pour la Pologne de Jaruzelski, de la Roumanie, de la Bulgarie et bien d’autres pays qui nous ressemblent par la taille mais aussi par l’histoire de leur soumission à un pouvoir interdisant totalement la participation politique et administrant la société par la peur et le quadrillage hermétique et par une propagande dominante fanatisée et agressive !

Le système est tombé par les propres graines de la violence qu’il a semées : L’exclusion de l’autre, la diabolisation de toute « opposition » si minime soit-elle, la diffusion de la frustration générale et aiguë dans les couches fragiles mais sensibles et éveillées de la société… la jeunesse des Campus… des usines, de la rue et des campagnes. Enfin par une « mobilisation » intense mais malsaine autour « d’acteurs institutionnalisés » alors qu’ils n’ont aucune légitimité institutionnelle à part d’être « proches du pouvoir » !

L’accumulation de cette situation infectée par l’arrogance médiatique des responsables de l’ombre du système, a fini par enchaîner ses propres promoteurs et le pouvoir lui-même, qu’ils croyaient « servir » et défendre alors qu’ils ne faisaient que le détruire chaque jour un peu plus.

Les cris de rage et de révolte de la jeunesse tunisienne en ce 14 janvier 2011, cette « révolution du Jasmin » a été en fait une révolution contre l’absolutisme médiatique et totalitaire imposé depuis un quart de siècle à toutes les classes de la société y compris à une bonne partie de la classe dirigeante elle-même... qui n’a pas eu le courage de dire « Non » à tout cela au moment qu’il faut… ! Cette classe dirigeante complice et servile a subi des dégâts considérables et sa légitimité est aujourd’hui sérieusement menacée !

C’est pour cela qu’il faut réformer profondément les institutions afin d’éviter à la Tunisie de futures dérapages aussi sanglants !

L’espoir est permis. La Tunisie a de bons cadres dans toutes les tendances politiques… Ils sont capables de raison pour remodeler le système politique et lui donner la fonctionnalité nécessaire pour une participation politique la plus large possible et surtout mettre au Musée de l’Histoire la personnalisation excessive du pouvoir !

Une réforme constitutionnelle de grande envergure est nécessaire… une nouvelle assemblée constituante… pourquoi pas !

Car utiliser le cadre constitutionnel actuel est certes nécessaire dans l’immédiat pour stabiliser le pays et consolider la paix sociale et la sûreté, mais on ne peut instituer une démocratie participative libérale et modérée avec les instruments majeurs de l’absolutisme et le déséquilibre actuel des trois pouvoirs dans une constitution qui donne un pouvoir absolu et sans partage au détenteur de l’exécutif ! Les Tunisiens doivent à nouveau se réapproprier leur Etat et leur patrimoine national mais pour l’éternité.

Plus jamais une dictature qui s’approprie l’Etat… l’économie la finance et même la mémoire culturelle de notre peuple et sa longue Histoire !

Nous y reviendrons !

K.G.