Manifestations à Tunis dans l'attente d'un gouvernement
Mots clés : Gouvernement De Transition, Manifestations, Révolution, TUNIS,TUNISIE, Rcd, Ben Ali
Par Thomas Vampouille17/01/2011 | Mise à jour : 13:15 Réactions (37)

Des Tunisiennes assises devant la caracasse d'une voiture brûlée dans le centre de la station balnéaire d'Hammamet, à 60 km de la capitale, dimanche. Crédits photo : ZOHRA BENSEMRA/REUTERS
Des manifestations perturbent toujours ce lundi la vie de la capitale tunisienne et d'autres villes, alors que la composition du gouvernement de transition est attendue dans la journée.
Dans l'attente de l'annonce d'un gouvernement de transition, les Tunisiens continuent de mettre la pression sur leurs dirigeants. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi matin dans le centre de Tunis pour exiger l'abolition du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Ben Ali. «La révolution continue! RCD dehors!», criaient les manifestants, que des policiers anti-émeutes tentaient de disperser en les aspergeant d'eau. Les journalistes sur place font aussi état de manifestation à Sidi Bouzid, la ville d'où tout est parti et dans d'autres localités.
Ces manifestants protestaient contre la présence de membres de l'ancien RDC dans le futur gouvernement de transition. D'intenses consultations ont débuté depuis le limogeage de l'équipe de Ben Ali et l'intérim du chef du Parlement Fouad Mebazaa? la composition du nouveau gouvernement est attendue dans la journée. Selon Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale la plus radicale en Tunisie), il a été décidé de manière consensuelle d'écarter les partis qui soutenaient Ben Ali. Le nouveau gouvernement serait donc composé de représentants du PDP, du mouvement Ettajdid (Renaissance), du Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) ainsi que de personnalités indépendantes et des représentants de la société civile tunisienne. Il devrait toutefois intégrer d'anciens membres de l'équipe sortante du président déchu, au profil de technocrates politiquement peu marqués.
«Y'aura-t-il des élections libres et honnêtes?»
La nouvelle équipe sera chargée en particulier de préparer, en un temps record de deux mois selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives «libres et transparentes» surveillées par un comité indépendant et des observateurs internationaux. Un premier candidat à la succession de Ben Ali s'est d'ores et déjà déclaré. Il s'agit de l'opposant historique Moncef Marzouki, exilé en France et dirigeant du Congrès pour la république (CPR), parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali. «Je serai effectivement candidat» à l'élection présidentielle, a-t-il déclaré sur France Info. «Mais je vous dirai que la question (…) c'est: est-ce que oui ou non, il y aura des élections libres et honnêtes et est-ce que oui ou non, on va permettre à toutes les bonnes volontés (…) de se présenter?», a-t-il dit.
Sur le front sécuritaire, les nouvelles autorités tentent toujours de venir à bout des miliciens armés fidèles au président déchu, qui sèment la panique dans la population en se livrant à des exactions et des tirs. Dimanche, pendant près de deux heures, des tirs nourris ont retenti à Tunis entre des snipers postés sur des toits et des policiers loyaux aux nouvelles autorités. Deux snipers ont été tués et au moins deux interpellés. D'autres combats similaires se sont produits dans la soirée dans la zone du palais présidentiel de Carthage, une banlieue huppée de Tunis. Une source sécuritaire a par ailleurs affirmé que l'armée avait donné l'assaut au palais présidentiel où étaient retranchés des éléments de la garde présidentielle de Ben Ali. Mais la nature exacte de ces combats demeure confuse et fait l'objet de versions contradictoires.
Lundi matin, quelques rares commerces ont ouvert leurs portes dans le centre de la capitale. En France, la suspension des départs des vacanciers à destination de la Tunisie a été prolongée jusqu'au 23 janvier. Quant aux derniers touristes français présents sur place, ils doivent, selon l'Association des tour-opérateurs français (Ceto) rentrer en France d'ici lundi soir. Au total, ce sont quelque 9000 Français qui auront été rapatriés en trois jours.