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lundi 31 janvier 2011

Tunisie : 15 blessés dans l'assaut de la police à la Kasbah de Tunis

LEMONDE.FR avec AFP | 28.01.11 | 15h17 • Mis à jour le 28.01.11 | 22h16

Des habitants de la région de Kasserine, dans le centre de la Tunisie, manifestent devant le siège du gouvernement, à Tunis, le 28 janvier 2011.

Des habitants de la région de Kasserine, dans le centre de la Tunisie, manifestent devant le siège du gouvernement, à Tunis, le 28 janvier 2011.AFP/FETHI BELAID

La police tunisienne a donné l'assaut, vendredi 28 janvier, au campement installé depuis cinq jours par des manifestants devant le palais de la Kasbah, siège des bureaux du premier ministre, à Tunis, selon des témoins.

Les unités antiémeutes ont tiré des grenades lacrymogènes contre les manifestants rassemblés sous les fenêtres du bureau du premier ministre et qui leur lançaient des pierres, a constaté l'AFP. L'agence Reuters indiquait pour sa part que les forces de sécurité, faisant usage de gaz lacrymogènes, pourchassaient les protestataires dans le centre de Tunis.

"J'ai dénombré une quinzaine de blessés, certains présentant des traumatismes", a déclaré à l'agence tunisienne TAP un médecin ayant porté assistance aux victimes. "On a quinze blessés, la plupart avec des fractures aux mains où aux jambes", a déclaré l'un des porte-parole des manifestants.

Des centaines de protestataires campaient sur place depuis cinq jours pour exiger la démission du gouvernement. Ils réclamaient, vendredi, le départ du premier ministre, Mohamed Ghannouchi, qui a annoncé la formation, jeudi soir, d'un nouveau gouvernement de transition épuré des principaux caciques de l'ancien régime Ben Ali, auquel l'UGTT a donné son aval tacite.

M. GHANNOUCHI PRÊT À DISCUTER

Selon Abdessalam Jrad, secrétaire général de la puissante centrale syndicale l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) des concertations ont eu lieu dans la matinée entre des représentants syndicaux et les manifestants qui campent depuis dimanche sous les fenêtres de la Kasbah. M. Jrad a ajouté avoir parlé avec le premier ministre de transition, M. Ghannouchi, qui a accepté le principe d'une rencontre avec ces manifestants pour discuter de leurs demandes, sans préciser quand elle aurait lieu.

Le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a détaillé le nouveau gouvernement tunisien, jeudi soir, à la télévision.

Le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a détaillé le nouveau gouvernement tunisien, jeudi soir, à la télévision.AFP/FETHI BELAID

L'UGTT tente de convaincre les manifestants de rentrer dans leurs provinces, dès lors que 80 % de leurs exigences sont désormais satisfaites. Parmi les manifestants, le débat est en effet vif quant à l'opportunité de poursuivre le mouvement. "Nous avons des élections dans six mois. Nous avons le droit de voter, nous pouvons décider. Si le résultat ne nous plaît pas, nous pouvons toujours continuer la révolution. Mais je crois qu'il faut maintenant que nous attendions un peu", a estimé Raëd Chaouichi, un jeune de 24 ans.

En revanche, Saïfeddine Missraoui, un étudiant qui a contribué à fournir nourriture et boissons aux manifestants assiégeant la Kasbah, avait un point de vue plus radical. "Nous ne partirons pas d'ici avant que Ghannouchi s'en aille et qu'on obtienne un gouvernement entièrement neuf."

SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE ÉGYPTIEN

Par ailleurs, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées vendredi devant l'ambassade d'Egypte à Tunis pour réclamer le départ du président égyptien, Hosni Moubarak, en signe de solidarité avec l'Egypte, où la contestation du régime a pris de l'ampleur au quatrième jour des manifestations.

"Moubarak out", "Moubarak dégage", "Liberté", affichaient des pancartes brandies par les manifestants à quelques mètres de trois fourgons de police gardant la mission diplomatique. "Nous sommes solidaires du peuple égyptien comme de tous les peuples opprimés du monde. Nous avons eu la chance et l'audace de renverser le régime, on leur souhaite la même chose", affirme Mohammed Khaldi, un jeune ingénieur.

Le Parti démocratique progressiste (PDP, opposition) a exprimé vendredi sa "solidarité avec le grand peuple égyptien", en appelant à "la fin de l'injustice et de la dictature". Dans un communiqué, Nejib Chebbi, l'un des fondateurs du PDP et actuel ministre au sein du gouvernement de transition, a indiqué que lui et "tout le peuple tunisien suivent avec fierté et enthousiasme l'épopée [de leurs] héroïques frères égyptiens, qui ont sonné l'heure du changement et la fin de l'injustice et de la dictature".

http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2011/01/28/m-ghannouchi-est-pret-a-rencontrer-les-manifestants-tunisiens_1472081_1466522.html#ens_id=1245377