PARIS - Critiquée pour son soutien tardif à la Révolution du jasmin, la France a voulu mardi donner des preuves de "confiance" aux nouvelles autorités tunisiennes, appelant les Français résidant en Tunisie à y rester et s'engageant à accroître la coopération, y compris entre Tunis et Bruxelles.
Citant le président français Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon a rappelé que la France était "aux côtés du peuple tunisien" et qu'elle souhaitait "l'organisation d'élections libres".
"Ce sera montrer que nous avons confiance dans le peuple tunisien que de dire aux nombreux Français qui résident en Tunisie que nous les encourageons à rester, à demeurer en Tunisie", a-t-il dit.
Quelque 21.000 Français sont enregistrés comme résidents en Tunisie, où vivent également quelques milliers de Français supplémentaires non inscrits sur les listes consulaires.
La Tunisie a été livrée au chaos et aux pillages pendant les jours qui ont suivi la chute, vendredi, du président tunisien Zine el Abidine Ben Ali, lors d'un mouvement sur lequel les autorités françaises ont maintenu une extrême prudence lui valant de nombreuses critiques.
Depuis, le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a annoncé lundi la formation d'un gouvernement de transition. Mais plusieurs milliers de manifestants ont dénoncé la présence à des postes-clés de ministres du président déchu, également critiquée par la gauche et la mouvance islamiste.
Le nouveau gouvernement sera chargé de préparer les prochaines élections présidentielle et législatives qui devraient se tenir dans "six mois au plus tard", a annoncé M. Ghannouchi.
"Nous sommes prêts à fournir au gouvernement tunisien, s'il le désire, l'assistance nécessaire pour participer à l'organisation de ces élections", a poursuivi M. Fillon.
Le chef du gouvernement a par ailleurs indiqué l'intention de la France, qui est déjà le "premier bailleur de fonds d'aides de développement" de la Tunisie, "d'accroître notre coopération économique et culturelle".
Il s'est aussi engagé à oeuvrer auprès de Bruxelles pour que la Tunisie bénéficie "d'un accroissement de l'aide" européenne et se voie octroyer le statut de partenaire privilégié de l'Union européenne, comme c'est le cas pour le Maroc, "et qui peut constituer un autre signe pour permettre aux Tunisiens d'avancer sur la voie de la démocratie".
Depuis mai 2010, l'UE, déjà liée à la Tunisie par un accord d'association datant de 1995, négocie en vue de lui octroyer un "statut avancé" que Tunis demande depuis novembre 2008.
Ce statut permet notamment d'intensifier les relations commerciales. La Tunisie bénéficie déjà d'importants financements européens dans le cadre de la politique de voisinage de l'UE.
(©AFP / 18 janvier 2011 17h50)