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jeudi 27 janvier 2011

Tunisie : la révolte gronde à nouveau à Sidi Bouzid

Des milliers de manifestants défilent dans le berceau de la révolution tunisienne pour exiger la démission du gouvernement de transition.

Les manifestants devant la résidence du  Premier ministre Mohammed Ghannouchi à Tunis (AFP)Les manifestants devant la résidence du Premier ministre Mohammed Ghannouchi à Tunis (AFP)
Des milliers de manifestants défilaient jeudi 27 janvier à Sidi Bouzid (centre-ouest), berceau de la révolution tunisienne aux cris de "non au vol de la révolution!", pour exiger la démission du gouvernement de transition, ont rapporté des journalistes de l'AFP.

ls manifestaient à l'appel de la puissante centrale syndicale UGTT qui a convoqué une grève générale dans la ville et sa région pour faire pression sur le gouvernement de transition.
Ce dernier doit annoncer jeudi un remaniement crucial pour sa survie, alors que des milliers de manifestants exigent chaque jour le départ des sept caciques de l'ancien régime Ben Ali qui y siègent jusqu'à présent.
"Dégagez les pourris!", "Ghannouchi, est-ce que tu ne nous a pas encore compris?", scandaient encore les manifestants, à l'adresse du Premier ministre, dernier chef du gouvernement du président Zine El Abidine Ben Ali qu'il a servi pendant 11 ans jusqu'à sa fuite en Arabie Saoudite le 14 janvier.
C'est de Sidi Bouzid qu'était partie la révolte populaire ayant chassé Ben Ali du pouvoir, après l'immolation par le feu d'une jeune marchand de fruits excédé par les humiliations policières le 17 décembre.

Entre 2.000 et 10.000 manifestants

"Environ 2.000" selon un policier, "plus de 10.000 selon un syndicaliste: il était difficile d'évaluer le nombre des manifestants défilant à vive allure, dont de nombreux jeunes et des femmes lançant des youyous.
Les commerces étaient fermés.
Le long cortège s'est arrêté devant le palais de la justice sur le mur duquel était écrit "la révolution appartient au peuple et non aux partis d'opposition qui ont fait allégeance aux chiens du RCD", le Rassemblement constitutionnel démocratique de Ben Ali.
Il a marqué une autre pause devant la mairie où sont affichées des photos de Mohammed Bouazizi, puis devant le siège du gouvernorat (préfecture) où le jeune homme s'était immolé. Là, les manifestants sont montés sur le toit où ils ont déployé une photo géante de leur "martyr".
Sur une pancarte on pouvait lire: "la révolution populaire a pour demandes: la suspension de la Constitution, une constituante, la dissolution du Parlement et du RDC non démocratique et un gouvernement de salut national".
"Allah Akbar!, (dieu est grand), nous resterons fidèle au sang des martyrs", scandaient encore les manifestants

Un remaniement imminent

Le remaniement ministériel qui était prévu mercredi en Tunisie pour apaiser la colère de la rue devrait être annoncé jeudi. "La composition du nouveau gouvernement sera annoncée demain jeudi", a déclaré mercredi à l'Agence tunisienne de presse Taïeb Baccouch, qui est également ministre de l'Education du gouvernement de transition.
Ce report fait suite à d'intenses discussions qui s'éternisent depuis deux jours, en raison de désaccords sur l'ampleur que doit prendre ce remaniement, selon des sources proches de ces négociations interrogées par l'AFP.
Selon l'une de ces sources, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi serait prêt à sacrifier trois ministres titulaires des portefeuilles de souveraineté (Défense, Intérieur, Affaires étrangères) issus de l'équipe de l'ancien président Ben Ali.

Forcing de l'Union générale des travailleurs tunisiens


Mais la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) ferait en coulisses le forcing pour obtenir la tête d'au moins deux autres ministres issus de l'ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), titulaires de ministères techniques, selon cette source ayant requis l'anonymat.


(Nouvelobs.com avec AFP)