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mercredi 23 février 2011

300 morts en Libye, selon les autorités

il y a 1 heure 15 min

Libération.fr

C'est le premier bilan officiel depuis le début du soulèvement. Hier, Kadhafi a promis dans un discours de «purger la Libye maison par maison». Quelques 500 Français ont été rapatriés par avion militaire.

Manifestation devant l'ambassade de Libye en Malaisie, le 23 février 2011.

Manifestation devant l'ambassade de Libye en Malaisie, le 23 février 2011. (Bazuki Muhammad / Reuters)

300 morts selon un premier bilan officiel. Les violences qui ont accompagné la révolte contre le régime libyen ont fait 300 morts -242 civils et 58 militaires-, selon les premiers chiffres officiels communiqués mardi soir.

Plus de 230 personnes ont été tuées depuis le 15 février, selon l'ONG Human Rights Watch (HRW). La FIDH avance le chiffre de 300 à 400 morts.

Le Conseil de sécurité de l'ONU condamne la répression. Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé mardi soir «la fin immédiate» des violences en Libye et condamné la répression des manifestants engagée par le régime du colonel Kadhafi, lors d'une réunion d'urgence consacrée à la crise dans le pays.

Les membres du Conseil «ont demandé une aide humanitaire internationale pour le peuple de Libye» et «ont souligné la nécessité pour le gouvernement de Libye de respecter la liberté de réunion pacifique et d'expression, y compris la liberté de la presse», ajoute la déclaration.

«Il y a encore plus d'inquiétude après l'inquiétant discours de Mouammar Kadhafi», a dit un diplomate à la suite de l'allocution du dirigeant libyen, qui a menacé ses compatriotes d'une répression sanglante.

-> A lire: le récit de la journée de mardi, heure par heure.

«J'ai reçu des informations aujourd'hui selon lesquelles après la déclaration du colonel Kadhafi, les attaques contre la population ont commencé dans la partie occidentale de la Libye», a déclaré à la presse Ibrahim Dabbashi, ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l'ONU, qui a fait défection lundi. «Les gens n'ont pas d'armes et je pense qu'un génocide a commencé maintenant en Libye», a-t-il dit aux journalistes à la fin de la réunion.

C'est la première fois que le Conseil a discuté de la tourmente qui a gagné le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. «Il s'agit à l'évidence (en Libye) d'un cas différent de ce que nous avons vu en Egypte et en Tunisie du fait de l'étendue de la violence et de l'utilisation de mercenaires» contre les manifestants, a souligné un diplomate sous couvert d'anonymat.

Wauquiez: le discours de Kadhafi «fait peur». L'intervention télévisée de Kadhafi, hier, «fait peur», juge Laurent Wauquiez, le ministre des Affaires européennes. «Cette vidéo fait peur, elle donne des frissons dans le dos: le langage qui est utilisé, l'outrance et la violence des propos, l'absence totale de perspective politique, la France condamne tout cela avec la plus ferme détermination», a affirmé le ministre sur Canal Plus.

Il a annoncé de nouvelles rotations d'avions pour aller chercher en Libye des ressortissants français. Il reste environ 300 Français sur place, selon le ministre. Environ 750 Français vivent en Libye en temps normal.

«La France étudiera très vite, dès qu'on aura résolu le problème des ressortissants français, la prise de sanctions contre le régime de Kadhafi», a aussi souligné le ministre français.

Des Français rapatriés témoignent. Deux vols militaires affrétés mardi ont atterri très tôt mercredi, à l'aéroport de Roissy. A leur bord, quelque 500 Français rapatriés de Tripoli. Plusieurs ont refusé de répondre aux journalistes, d'autres ont raconté la tension, l'attente et la peur dans la capitale libyenne.

Fanny, son fils de deux ans et demi dans les bras, explique qu'elle «n'a rien vu». «On est restés cloîtrés chez nous, dans un quartier calme pendant une semaine», explique-t-elle. «On a eu peur pendant trois jours sans vraiment savoir pourquoi puisqu'on n'avait plus ni internet, ni téléphone», ajoute cette jeune enseignante. Elle raconte avoir «fait des provisions dimanche en voyant les Libyens acheter en grand quantité».

Mahir Korucu, ingénieur chez SNCF Géodis, n'a «pas eu peur» car «il n'y avait pas de danger pour les expats». Il décrit une ambiance tendue, avec «personne dans les rues» et des «grosses mitrailleuses montées sur des 4x4». «D'habitude on voyait la police, et là c'était l'armée avec des tanks qui était partout», témoigne le jeune homme qui vivait à Tripoli depuis deux ans.

Environ 750 Français vivent en Libye en temps normal. Selon les estimations du ministère des Affaires étrangères, ils étaient autour de 500 quand la crise a éclaté.