Mounir JOMNI - Le mouvement général dans le corps des gouverneurs entrepris, la semaine dernière, par le gouvernement provisoire n’a fait que compliquer une situation politique et sécuritaire déjà fragile dans le pays.
Dans plusieurs régions, les habitants ont refusé certaines nominations, dénonçant le passé « Rcédiste » des nouveaux représentants de l’Etat.
Les jeunes qui ont fait circuler sur Facebook, devenu un vrai contre-pouvoir virtuel, diverses révélations, ont attisé ce mouvement de révolte. Cette situation qui rappelle les réactions contre le premier gouvernement provisoire, devrait pousser à davantage de concertation avec les différents partis politiques, organisations et composantes de la société civile avant de prendre des décisions politiques de grande importance. Le procédé des nominations tel que pratiqué par l’ancien régime est, désormais révolu.
Le mécontentement populaire face à ces pratiques, doit aussi être l’occasion de revoir de fond en comble tout ce qui a trait aux corps de l’Etat. Dans cette étape de démocratie naissante, la Tunisie a besoin d’avoir, comme d’autres pays, de grands commis de l’Etat aussi compétents qu’impartiaux et en phase avec une véritable séparation des pouvoirs.
A travers des corps A-politiques, notamment pour l’exercice de ces pouvoirs régaliens, l’Etat pourrait être un élément neutre et en même temps un catalyseur entre les différentes composantes de la société.
L’idéal serait que les hauts fonctionnaires dans des ministères-clés (justice, Affaires étrangères, Intérieur, Finances…) exercent leurs fonctions en gardant la même distance par rapport aux responsables politiques quelle que soit leur « coloration ».
L’ambassadeur ou le gouverneur ne devraient pas être les représentants d’un gouvernement mais ceux de la nation.
Ainsi l’adage, « les responsables passent et les institutions restent », trouvera ainsi toute sa signification. Il en est de même du fonctionnement démocratique de l’Etat et de ses corps.
Commentaires
| Gazdallah moncef.gazdallah@umonsl.ac.be |
| La facture de l'impatience Le: 08/02/2011 |
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| L’entêtement à garder des caciques de l’ancien régime a empoisonné l’air de liberté qui a soufflé sur la Tunisie et la galvanisation des tunisiens autour de la reconstruction du pays a pris un coup dans l’aile. Pire encore, la chasse aux sorcières qui auraient pu être mené d’une façon intelligente s’est transformé en haine entre tunisiens. Même la communauté tunisienne à l’étranger qui ne subit pas, économiquement parlant, les effets directs, indirects ou croisés de la Révolution n’a pas été épargnée. Je l’ai vécu le samedi dernier au centre culturel tunisien à Bruxelles où une réunion de tunisiens venant de toute la Belgique, prévu pour réfléchir sur les actions qu’ils peuvent mener et les moyens qu’ils peuvent mettre en œuvre pour soutenir notre révolution, s’est transformé en soupçons sur une éventuelle présence d’anciens membres du RCD. Ces derniers, par leurs interventions séditieuses ont marginalisé ce beau rassemblement. Malgré ce constat, je reste convaincu qu’une chasse aux sorcières à outrance est capable de dilapider les énergies du pays pour ne récolter que la haine entre les tunisiens. Par contre, un gouvernement, ne fut ce que transitoire, mais issue de la révolution aurait pu mener une épuration chirurgicale et juste de sorte que les tunisiens qui ont adhérés à l’RCD et qui ’ont commis de crimes ou abus soient arrêtés et jugés. Vu son crédit de confiance, ce gouvernement aurait pu convaincre tous les tunisiens que ces hommes et femmes sont nos compatriotes et par conséquent, ils ont droit à la présomption d’innocence et à un jugement équitable. Même aller plus loin et exhorter le pardon vis à vis des autres. Ce n’est pas Monsieur Ghannouchi, trainant dernière lui 11 ans de collaboration avec l’innommable ben ali qui aurait pu passer un tel message. Nous avons raté un important épisode de la révolution en oubliant un élément essentiel dont elle a besoin : des hommes et des femmes à qui le peuple à besoin de faire confiance. La révolution a fait jaillir chez les tunisiens la notion de confiance, solidarité et sacrifices que 23 ans de dictature les a obligés à refouler au fin fond d’eux-mêmes. Malheureusement, cet élan à été brisé par des médias de masse alliés à une opposition manquant de discernement et de vision à long terme. Le tous sous forme d’un gouvernement de transition. Ils ont détourné les tunisiens de l’essentiel de leur révolution en brandissant le spectre du chaos et de la récession économique. |