Nombre total de pages vues

mardi 22 février 2011

Deux ministres français à Tunis pour tenter de rétablir la confiance

Le Point.fr - Publié le 22/02/2011 à 13:33 - Modifié le 22/02/2011 à 13:34

Christine Lagarde et Laurent Wauquiez ont la lourde tâche de faire repartir sur une bonne base les relations franco-tunisiennes.

Deux ministres français à Tunis pour tenter de rétablir la confiance

Les deux ministres veulent faire oublier les ratés de la diplomatie française en Tunisie. © Fethi Belaid / AFP

Source AFP

Deux ministres français, Christine Lagarde (Économie) et Laurent Wauquiez (Affaires européennes), tentaient, mardi à Tunis, de rétablir la confiance entre les deux pays, mise à mal par plus d'un mois de bévues provoquées par Paris depuis le début de la révolution tunisienne. "La confiance entre la Tunisie et la France n'a pas été rompue", a assuré devant quelques journalistes Christine Lagarde, au début de cette visite de quelques heures, la première de membres du gouvernement français depuis la chute le 14 janvier de Zine el-Abidine Ben Ali.

"La relation entre la France et la Tunisie est depuis des siècles faite de beaucoup de lumière, d'un peu d'ombre parfois. Nous sommes dans une période évidente de lumière pour ce pays", a-t-elle ajouté. Pour cette visite politique, diplomatique et économique, la chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie est absente. Ses vacances controversées en Tunisie fin 2010 et son offre d'une coopération policière alors que la révolution avait débuté n'en font pas une ministre très bien vue en Tunisie.

"Plan Marshall"

Des déclarations insultantes contre la presse du tout nouvel ambassadeur français, Boris Boillon, ont encore tendu les relations bilatérales. Le diplomate, dont des manifestants ont demandé le rappel, a fait acte de contrition, mais il semble peu probable que la visite de quelques heures de Christine Lagarde et Laurent Wauquiez suffise à cicatriser les plaies. "On ne vient pas pour donner des leçons mais pour écouter quels sont leurs besoins", a précisé le ministre des Affaires européennes. Il a évoqué la possibilité d'augmenter des financements européens et a jugé nécessaire d'établir "un plan Marshall maintenant pour la Tunisie, européen mais aussi mondial".

Christine Lagarde et Laurent Wauquiez se sont entretenus au palais de Carthage avec le Premier ministre Mohamed Ghannouchi et Elyès Jouini (Réformes économiques et sociales), avant d'avoir des réunions de travail avec plusieurs membres du gouvernement. La visite d'une société pharmaceutique était aussi à leur programme. Premier partenaire de la Tunisie, la France, ex-protectorat aux relations très conciliantes avec l'ex-régime autoritaire et corrompu de Ben Ali, a "sous-estimé les aspirations du peuple tunisien à la liberté", avait reconnu en janvier le président français Nicolas Sarkozy.

Renouveau nécessaire pour les entreprises françaises (Lagarde)

Il s'agit maintenant pour la France, après plusieurs déplacements ministériels américains ou européens, de renverser la tendance et de soutenir le processus de transition tunisien, tout en conservant sa première place en matière économique. "Il ne s'agit pas de faire de la surenchère de chiffres (mais) d'ajuster nos programmes, de les accélérer, de les développer si nécessaire", a observé Christine Lagarde. "Le renouveau de la confiance est très important pour les entreprises françaises qui travaillent ou envisagent de travailler en Tunisie", a-t-elle fait valoir.

Au-delà du seul secteur touristique, quelque 1 250 filiales d'entreprises françaises sont physiquement présentes en Tunisie, employant plus de 110 000 personnes. "Je souhaite que la Tunisie puisse maintenir une situation de croissance économique qui permette sur le plan des salaires, des emplois, de la création de valeur dans ce pays, de répondre à la soif de liberté et de démocratie du peuple tunisien", a aussi précisé Christine Lagarde. Ces déclarations interviennent alors que la France, comme d'autres pays, craint un exode massif de Tunisiens vers l'Europe à la recherche de meilleures conditions de vie. Une crainte qui pourrait se renforcer au vu des derniers développements en Libye, que des milliers de Tunisiens sont en train de fuir.