L'entourage familial du président, a constitué au fil des vingt-trois ans de règne de Ben Ali un véritable empire allant des médias à la banque en passant par la grande distribution, le transport aérien et le tourisme. La bande du Président déchu a fait tout son possible pour acquérir l’Hôtel Yasmina au centre ville d’Hammamet mais elle n’a pas pu mettre la main sur ce patrimoine de la ville d’Hammamet. Son projet a été simplement bloqué et avorté comme nous l’explique Dr Salem Sahli, secrétaire général de l'Association d'Education relative à l’environnement.
La ville a clamé la restitution pure et simple de son patrimoine
Nul ne peut nier que l’Hôtel Yasmina présente un intérêt public au point de vue esthétique, historique et culturel. Il a marqué la mémoire collective locale et, malgré l’œuvre du temps, il a acquis avec les années une signification culturelle. Devenu un élément indissociable du cadre de vie et de l’environnement de la ville, il mérite d’être considéré comme un patrimoine culturel au même titre que « Dar Sébastian » située à quelques encablures du lieu. «Hélas explique Dr Sahli, pour cette magnifique résidence, le compte à rebours est déjà déclenché. Après le dépôt de bilan de la société Yasmina, propriétaire de l’Hôtel du même nom, la municipalité a été sommée à maintes reprises de liquider ses parts dans la société, soit les
La mobilisation de tous les Hammamétois
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le site en question est l’objet de beaucoup de convoitises et notamment des membres de l’ancien régime. "Ces requins de l’immobilier ajoute Dr Sahli qui ont livré la ville à la surenchère spéculative misent sur la périclité de ce patrimoine, ce qui aurait facilité son acquisition. Sinon, comment expliquer le silence/refus des autorités de tutelle d’avaliser l’achat par la municipalité de la portion bâtie de l’Hôtel estimée par un expert à 1.300.000 dinars ? Une enveloppe budgétaire a en effet été réservée à cette fin par le conseil municipal depuis deux ans. Ce dernier attend toujours l’accord du ministère de l’intérieur et celui des finances pour finaliser cette acquisition et entreprendre les travaux nécessaires à la réhabilitation du site. Une large consultation locale a même été initiée par la mairie en vue d’identifier les contours d’un futur projet d’aménagement. L’actuel conseil municipal a fait de la résistance. Gageons qu’il continuera à s’opposer aux constructeurs et aménageurs de tout poils qui ont enlaidi Hammamet en y érigeant complexes résidentiels, centres commerciaux, unités hôtelières…avec pour dénominateur commun une caractéristique : le gigantisme. La mobilisation des citoyens, des associations, des élus locaux, des artistes, des jeunes…bref de la société civile a permis de sauver l’Hôtel Yasmina des appétits ogresques du clan de Ben Ali.
Aujourd’hui, au lendemain de la révolution, la vigilance des forces démocratiques ne doit pas baisser et des espaces de dialogue et de démocrate participative doivent être créés ou consolidés à l’échelon local dans nos villes et nos villages afin de débattre de l’avenir du pays et maintenir une forte implication des citoyens et des acteurs locaux. La réussite de la démocratie de proximité est le meilleur rempart contre les mafieux, les corrompus et autres prédateurs » conclut Dr Sahli
Kamel Bouaouina