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mardi 22 février 2011

Wauquiez et Lagarde à Tunis pour rectifier le tir et racheter la France

Le Point.fr - Publié le 21/02/2011 à 13:05 - Modifié le 22/02/2011 à 17:52

Les deux ministres veulent renouveler le "soutien à la transition démocratique et souligner la disponibilité de la France pour aider" la Tunisie.

Wauquiez et Lagarde à Tunis pour rectifier le tir et racheter la France

Les deux ministres espèrent pouvoir faire oublier les ratés de la diplomatie française en Tunisie. © Lionel Bonaventure / AFP

Source AFP

Christine Lagarde et Laurent Wauquiez ont voulu resserrer les liens entre la Tunisie et la France lors d'une première visite gouvernementale depuis le départ du président Zine Ben Ali, sans Michèle Alliot-Marie. La ministre des Finances et le ministre des Affaires européennes ont nié à Tunis que l'absence de la ministre des Affaires étrangères, au centre d'une polémique sur son séjour en Tunisie fin décembre, soit un signe de son affaiblissement. S'appuyant sur une source au Quai d'Orsay, le quotidien Le Monde rapporte, quant à lui, mardi, que Michèle Alliot-Marie a été écartée de la visite et a été opportunément chargée d'aller au Brésil.

"La confiance entre la Tunisie et la France n'a pas été rompue", a déclaré mardi Christine Lagarde, qui fut citée parmi les prétendants au poste de ministre des Affaires étrangères lors du dernier remaniement, lors d'une conférence de presse. "Le renouveau de la confiance est très important pour les entreprises françaises qui travaillent ou envisagent de travailler en Tunisie", a-t-elle ajouté. La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie, où quelque 1 250 entreprises françaises sont implantées. Selon Christine Lagarde, "il ne s'agit pas de faire de la surenchère de chiffres, (mais) d'ajuster nos programmes, de les accélérer, de les développer si nécessaire".

Laurent Wauquiez, qui est placé sous l'autorité de Michèle Alliot-Marie, a pour sa part expliqué qu'"on ne vient pas pour donner des leçons mais pour écouter quels sont leurs besoins". Avant ces deux ministres français, des ministres des Affaires étrangères d'autres grands pays occidentaux, comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne, s'étaient déjà rendus à Tunis depuis la chute du régime de Ben Ali.

Flot de critiques

Rompant le silence sur un profond malaise au sein de la diplomatie française, des diplomates français s'en sont pris directement à la politique étrangère de Nicolas Sarkozy dans une tribune publiée mardi dans Le Monde. Ils dénoncent, sous le pseudonyme de Marly, l'impuissance de la France face aux crises africaines et arabes ou à l'émergence de la Chine, l'échec de l'Union pour la Méditerranée, l'indifférence américaine et les fiascos des Rafale et de l'industrie nucléaire à l'exportation.

En Tunisie, les critiques à l'égard de la France se sont focalisées ces derniers jours sur le nouvel ambassadeur, Boris Boillon, dont plusieurs milliers de personnes ont demandé le départ samedi devant l'ambassade de France. À l'origine des critiques, des propos de l'ambassadeur qui a tancé, après seulement quelques jours dans le pays, des journalistes tunisiens pour leurs questions "débiles" sur Michèle Alliot-Marie ou les liens de la France avec Ben Ali. Face au tollé, il a présenté ses excuses.

La polémique sur Michèle Alliot-Marie a, quant à elle, pris corps quand Le Canard enchaîné a révélé que la ministre - qui en avait déjà indigné certains en proposant d'apporter à Tunis l'expertise française dans le maintien de l'ordre - avait bénéficié du jet d'un homme d'affaires tunisien proche de Ben Ali, Aziz Miled, pour deux déplacements en Tunisie. L'hebdomadaire satirique a par la suite révélé que le père de la ministre avait investi lors de ce séjour familial dans l'un des complexes immobiliers d'Aziz Miled. Michèle Alliot-Marie a d'autre part reconnu avoir eu une conversation téléphonique avec Zine Ben Ali pendant ce séjour.