Samedi 19 mars 2011 au soir, les fidèles réunis à la Synagogue fêtent Pourim. Les enfants s’amusent dans une belle pagaille, et comme de coutume, ils allument des pétards, qui ne manquent pas, bien évidemment de gêner certains. Les parents laissent les enfants se livrer à des jeux d’enfants, mais qui n’en demeurent pas moins dangereux, et source de nuisance.
Voilà que d’un coup une grosse pierre vient frapper brutalement une fenêtre, briser une vitre, et cette irruption brutale sème une panique et un effroi compréhensible.
La synagogue de Garges Les Gonesse se trouve enclavée au beau milieu de barres d’immeubles HLM, dont un à proximité la surplombe. De cet immeuble des détritus sont régulièrement jetés des fenêtres. Pots de yaourt, œufs, ou tous les autres résidus viennent rappeler le rejet des uns envers les autres, et parmi les autres les fidèles de la synagogue.
Cette situation est maintenant quasi intégrée par les juifs, piégés à Garges. Ceux qui peuvent partir de cette ville où rien ne les retient partent, et ceux qui n’ont d’autre choix que d’y rester subissent cela comme une fatalité ou un moindre mal.
La mairie est indifférente au sort de la communauté juive, bien que dirigée par un maire UMP. Les autorités de police font ce qu’elles peuvent. Les dirigeants communautaires (un président et un secrétaire général) sont quant à eux désabusés. Les agressions ne font pas toujours l’objet de plainte auprès de la Police. Seul le Président Monsieur Alain Bensimon se charge de cette démarche de temps à autre, à laquelle le rabbin s’oppose de manière régulière. Le rabbin lui-même malmené à plusieurs reprises s’est toujours refusé à porter plainte, même quand ses enfants ont été victimes d’agression. La peur de prétendues représailles ne peut justifier ce comportement. Mais voilà c’est ainsi.
Le BNVCA informé de l’incident, a fait son communiqué pour dénoncer l’acte antisémite. Le Président monsieur Alain Bensimon a quant à lui porté plainte contre X, et la police mène son enquête.
Cet acte sera répertorié parmi les actes antisémites de 2011, et le SPCJ dont l’action se limite à reprendre les statistiques officielles et à faire la synthèse avec les actes antisémites recensés par le BNVCA pourra faire état de cette nième agression ordinaire dans son prochain rapport. Quant à l’action du SPCJ sur cette affaire spécifique, elle a été nulle.
Certains diront que c’est un incident de voisinage, que les uns et les autres sont en partie responsables. Mais quand "les autres" fêtent bruyamment des évènements sportifs ou autres, personne n’a vu de juifs leur lancer des pavés. Le "deux poids deux mesures" est devenu la norme.
Le français ordinaire ne supporte plus ces agressions permanentes que l’on appelle "incivilités" pour ne pas pointer du doigt les problèmes et leurs auteurs. On n’ose plus appeler un chat un chat. Pas de débat sur la laïcité en France car se serait ostraciser une communauté nous dit-on. Faisons bien attention à nos propos pour ne pas gêner la deuxième religion de France. Par contre quand des juifs innocents se font assassiner à Itamar en Judée Samarie, alors là on ne se gêne pas. Une famille de "colons" comme on dirait une famille de "coupables" a été tuée, nous dit-on. Voilà que des civils, hommes, femmes et enfants même en bas âge sont des victimes et des coupables. Coupables d’être juifs, coupables de vouloir habiter sur leur terre ancestrale. Là aucune retenue, aucun discernement, aucune décence n’empêche l’expression antisémite devenue pavlovienne. Toutes les dépêches AFP sont entachées de qualificatifs méprisants à l’égard des israéliens.
C’est dans ce contexte aussi qu’on lieu des élections cantonales en France, et que les préparatifs pour les présidentielles de 2012 donnent lieu à des débats avec un arbitre bien gênant à savoir le FN.
D’un côté la gauche alliée avec l’extrême gauche, de l’autre l’UMP dont la survie politique est liée à sa capacité de siphonner les voix du FN. Le problème est qu’on ne sait pas qui va siphonner les voix de qui.
Dimanche prochain c’est le FN qui va récupérer un grand nombre de voix de l’UMP.
Nous devons choisir entre un antisémitisme de gauche et un antisémitisme de droite. Alors que des maires socialistes passent, leur temps à faire la coure à l’islam radical, que certains font alliance avec Euro-Palestine avec la délégitimation d’Israël au programme, on nous demande de voter pour eux. C’est ce que l’on appelle un "Front Républicain", à savoir ceux qui nous interdisent de parler de la Shoah et qui ne se gênent pas pour faire l’apologie des terroristes du Hamas et du Hezbollah (voire les mairies Communistes).
Le Front National n’est pas du tout une solution, pire c’est un piège tendu à la démocratie après un simple ravalement de façade. Doit-on oublier les propos et les actes de Jean-Marie le Pen ou de Bruno Gollnisch ou des autres révisionnistes et antisémites qui composent le noyau dur du FN ? Certainement pas !
Donner des instructions aux juifs de base pour ne pas voter un tel ou un tel quand on habite les beaux quartiers, c’est bien. Mais quand ceux, qui habitent les HLM, vivent tous les jours les "incivilités" et qui s’en exaspèrent, sont de plus en plus, faute de solution, tenter "le n’importe quoi pourvu qu’on s’en sorte" voilà qui devrait nous faire réfléchir. Cela fait bientôt une vingtaine d’années que les politiques trahissent promesse après promesse. Il semble maintenant que les digues se fissurent, gare à la vague qui pourrait se transformer en tsunami politique.
Pendant ce temps l’assassinat horrible d’Itamar et les actes antisémites n’intéressent personne.
Les actes antisémites sont devenus ordinaires. Garges, Sarcelles et bien d’autres communautés ne sont plus des villes attractives, bien au contraire. Ni les conférences, ni les manifestations de toute nature, où les uns et les autres se mettent en scène, ne sont de nature à modifier les choses sur le terrain. L’indifférence est devenue le maître mot. Quelle institution s’occupe vraiment des communautés de banlieue ? Disons le haut et fort : AUCUNE. Nous pourrions donner ici plusieurs exemples de ce désintérêt. il suffit de voir l’état de la synagogue.
Cette indifférence nous rend tous responsables de notre sort collectif. Bien évidemment à un degré plus élevé pour ceux qui se mettent en avant, en se disant dirigeants communautaires. Ceux qui participent au morcellement et à l’émiettement de la communauté en créant par ici et par là des offices, qui ne répondent à aucune nécessité, sauf à diviser un peu plus la communauté, aggravent quant à eux la situation.
L’antisémitisme est devenu ordinaire, en partie parce que nous avons baissé les bras et sommes devenus indifférents à nous-mêmes.
Où est l’union communautaire ? Que faisons-nous concrètement pour résoudre nos problèmes ?
Malheureusement pas grand-chose.
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