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mardi 15 mars 2011

DSK mécontent du documentaire de Canal+

il y a 5 heures 4 min

TVMag.com TVMag

Le patron du FMI savait que ses propos sur la Grèce seraient très mal perçus par ce pays mais il n'a pas demandé, après l'avoir pourtant envisagé, de se censurer. Priorité était donnée à l'élection présidentielle française !

Dominique Strauss-Kahn savait que la Grèce serait furieuse des propos qu'il a tenus dans le cadre du documentaire produit par KM Productions pour le compte de Canal+. Lorsque le réalisateur, Nicolas Escoulan, lui a montré les images du produit fini, peu de temps avant la diffusion, le directeur du FMI n'a pas apprécié son intervention. La Grèce s'est invitée dans le programme alors qu'elle ne devait pas l'être. Des images de manifestants grecs affichant une effigie dont la connotation pouvait être antisémite, même si n'était pas le sujet des protestataires, l'ont beaucoup choqué. Dominique Strauss-Kahn a envisagé de demander qu'elles soient retirées mais il ne l'a pas fait pour ne pas apparaître comme un censeur. Ayant donné carte blanche, il ne pouvait plus intervenir.

Comme son épouse, Anne Sinclair, il le regrette aujourd'hui. Dominique Strauss-Kahn, comme les équipes d'Havas qui l'ont conseillé, à commencer par Stéphane Fouks, ont voulu croire après le visionnage que l'affaire se dégonflerait d'elle-même. Priorité était donnée à l'image qu'il fallait donner en France du patron de FMI, de son naturel et de sa franchise. Si l'on ajoute à cela l'enthousiasme de Renaud Le Van Kim devant le travail, il est vrai excellent, du réalisateur et de son équipe, on comprend mieux que le documentaire ait été diffusé tel quel.

« La réalité, c'est que ces gens-là, ils sont dans la merde... »

Hormis Dominique Strauss-Kahn qui avait eu un pressentiment, nul ne se douterait que l'émission de Canal+ ouvrirait une crise entre la Grèce et le FMI. Depuis dimanche, toutes les télévisions grecques passent en boucle les propos que Dominique Strauss-Kahn, toute la presse s'en fait l'écho. « La réalité, c'est que ces gens-là, ils sont dans la merde. Et y sont gravement, déclarait le patron du FMI. Ils ont beaucoup bricolé, ils savent très bien qu'ils ne paient pas d'impôts, que c'est un sport national de ne pas payer d'impôts en Grèce, que ça truande un maximum. Mais d'un autre côté, si on n'était pas venu à la dernière minute quand ils nous ont demandé de venir, ils seraient tombés au fond du gouffre. »

Ce parler vrai, directement inspiré du Président de la République, dont il paraît briguer la place dans cette émission, passe très mal en Grèce. Georges Papaconstantinou, ministre des Finances grec, vient de lui demander au nom de son gouvernement des explications. A deux semaines du conseil européen sur l'euro et quelques jours après la décision des 27 d'accorder une rallonge à la Grèce, Dominique Strauss-Kahn devient, si l'on peut dire, la tête de Turc des Grecs. Pour un homme qui veut développer sa stature à l'international, le résultat n'est guère excellent. Aussi, pour y remédier, le patron du FMI songe à se rendre en Grèce plus tôt que prévu.