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vendredi 25 mars 2011

Marine Le Pen met le CSA dans l'embarras

Le CSA attend une saisine officielle du Front national dont les électeurs ont été traités de « gros cons » par Sophia Aram, sur France Inter. Pourtant, le conseil n'a pas besoin de recevoir une plainte pour se saisir.

Marine Le Pen met le CSA dans l'embarras
Photo : © Maxime Bruno
Peut-on traiter les électeurs du Front national de « gros cons » sur une radio publique comme France Inter ? Mercredi 23 mars, à 8h55, Sophia Aram, l'humoriste qui a succédé à Stéphane Guillon, invité à quitter l'antenne, a déclaré ceci : « Il faudrait cesser le genre de raccourcis qui consiste à dire que les électeurs du Front national ne sont que des gros cons. Au contraire, j'aurais tendance à penser qu'avec les gros cons quand il y en a un, ça va, c'est quand ils sont plusieurs que ça pose problème. »

Si de tels propos avaient été tenus à l'encontre de l'UMP, du PS ou de tout autre parti politique, France Inter aurait-elle déjà sanctionné l'humoriste ? Le CSA aurait-il été plus prompt à réagir ? L'instance que nous avons contactée nous a précisé à ce propos qu'elle « n'avait pas reçu de plainte du Front national et que le dossier était à l'étude ». L'instance présidée par Michel Boyon n'a pas besoin de recevoir une plainte pour se saisir du dossier. Le conseil peut décider d'évoquer, à tout moment, n'importe quelle question s'il estime que la loi n'est plus respectée. C'est le propre d'un organe de régulation. Ne pas le faire peut conduire à laisser penser qu'il préfère que l'affaire soit classée sans suite.

Le FN n'exclut pas de poursuivre France Inter

Le Front national n'est pas représenté à l'Assemblée nationale, mais il n'est pas interdit et a droit, à ce titre, comme tous les partis, au respect de la loi Il ne peut pas être diffamé. En attendant de recevoir une plainte officielle pour agir, le CSA prend le risque de se voir accusé par le parti d'extrême droite de pratiquer une discrimination à son égard. Le Front national et Marine Le Pen prennent d'ailleurs le temps de la réflexion puisqu'ils ont « demandé à leur avocat de mettre au point une procédure en réparation de ces injures au nom du Front national et de ses électeurs ». Ils n'ont pas saisi le CSA, comme ils auraient pu le faire plaçant ainsi l'institution dans l'embarras.

L'impression d'attentisme dégagé par le CSA ne découle pas d'une volonté d'ostracisme pratiqué à l'encontre du parti de Marine Le Pen National, mais à son désir de confier ce dossier délicat à Rachid Ahrab, conseiller en charge de la déontologie. Le groupe de travail qu'il anime se penchera sur cette question la semaine prochaine. Du coté de France Inter, l'affaire pourrait avoir quelques conséquences dans la mesure où elle concerne encore un humoriste. La station n'a guère envie après la polémique suscitée par l'éviction de Stéphane Guillon d'ouvrir un nouveau débat. En laissant courir l'affaire, Philippe Val espérait la voir tomber dans l'oubli. Une sanction prononcée contre Sophia Aram susciterait des réactions de solidarité en interne, l'humoriste bénéficiant de la confiance de nombreux journalistes. Le patron de la radio devra pourtant réagir, le FN n'excluant pas de poursuivre France Inter.