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samedi 5 mars 2011

Situation incertaine en Libye

il y a 1 heure 36 min

Reuters

Les insurgés libyens ont annoncé vendredi avoir pris le contrôle de Ras Lanouf, important terminal pétrolier dans le golfe de Syrte, tandis que dans l'ouest du pays, les forces gouvernementales resserraient l'étau autour de la ville de Zaouïah, où les rebelles auraient été mis en fuite.
LA SITUATION RESTE INDÉCISE EN LIBYE ...

Copyright © 2011 Reuters

Les combats de vendredi semblent confirmer la partition de la Libye entre l'Ouest, autour de la capitale, Tripoli, sous le contrôle des forces fidèles à Mouammar Kadhafi, et l'Est, autour de la ville de Benghazi, aux mains de la rébellion.

Au siège new-yorkais des Nations unies, le pouvoir libyen a remis vendredi soir au Conseil de sécurité une lettre dénonçant les sanctions imposées à Mouammar Kadhafi et à ses proches le week-end dernier à l'unanimité.

Le ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, y affirme que les autorités n'ont pas réprimé "les manifestants pacifiques et désarmés" et n'ont eu recours à la force qu'à l'encontre d'extrémistes qui veulent "répandre l'anarchie".

Un diplomate onusien voit dans cette lettre la preuve que les autorités libyennes "sont ébranlées par l'action ferme et unie entreprise par la communauté internationale" alors que la répression des manifestations depuis le 15 février aurait fait des milliers de morts et a déclenché l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale.

COMBATS SANGLANTS À ZAOUÏAH

Dans l'ouest de la Libye, les forces fidèles à Kadhafi ont lancé dans la journée une offensive meurtrière pour reprendre le contrôle de Zaouïah, localité située à 50 km à l'ouest de Tripoli. "La ville a été libérée", a affirmé dans la soirée un responsable du gouvernement libyen, évoquant "peut-être quelques poches de résistance" encore tenus par les insurgés.

"La situation est normalisée. J'espère que cela sera le cas dans d'autres régions dans les jours à venir", a confirmé le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaïm.

Le chef militaire de l'insurrection à Zaouïah, Hussein Darbrok, a été tué dans les combats, a annoncé un porte-parole des rebelles tandis que des habitants font état d'au moins 30 civils tués. D'autres sources avancent un bilan oscillant entre 13 et 50 morts.

Ils affirment que les forces régulières ont utilisé des lance-roquettes et des pièces d'artillerie et que des snipers avaient pris position sur la terrasse d'un hôtel, d'où ils ont tiré sur les contestataires qui s'étaient regroupés en cortège après les prières du vendredi.

Environ 2.000 rebelles ont été repoussés vers la place centrale de la ville portuaire et se disent prêts à livrer combat. "Nous sommes assiégés, nous sommes encerclés depuis l'est, l'ouest et le sud", a confié Ali, un habitant de la ville située sur la côte méditerranéenne contacté par téléphone dans la soirée par l'agence Reuters. "L'électricité a été coupée, nous sommes dans le noir, peut-être préparent-ils une attaque", dit-il des forces régulières.

Zaouïah était l'une des rares localités de l'Ouest libyen tenues par la rébellion, dont le soulèvement le mois dernier est parti de Benghazi, la grande ville de Cyrénaïque, la région orientale du pays.

LES INSURGÉS DISENT AVOIR PRIS RAS LANOUF

Au terme d'une journée de combats, les insurgés ont affirmé avoir pris la ville de Ras Lanouf, terminal pétrolier qui se trouve à 660 km à l'est de la capitale Tripoli, à mi-chemin entre les villes de Syrte et de Benghazi.

Dans la journée, des renforts rebelles avaient convergé vers ce centre d'exportation du pétrole libyen sur le golfe de Syrte à bord de camions siglés "Armée du peuple", "Révolution du 17 février" ou "Brigade des Martyrs du 17 février". Ils sont passés par le désert, évitant la route côtière où ils auraient été trop exposés aux moyens aériens de Kadhafi.

Alors que les combats faisaient rage, des rebelles ont scandé "Où est Obama ? Nous voulons une zone d'exclusion aérienne" en référence à l'option actuellement étudiée à Washington et soutenue par la France et la Grande-Bretagne.

Le gouvernement a démenti la chute de la ville. "A Ras Lanouf, tout est calme", a dit le vice-ministre des Affaires étrangères. Mais un soldat passé à la rébellion, joint par téléphone sur l'aéroport de cette ville pétrolière, a affirmé que les rebelles contrôlaient Ras Lanouf "à 100%".

Après Ras Lanouf, les insurgés libyens, qui ont exclu toute négociation avec le colonel Kadhafi, hormis sur son exil ou sa démission, pourraient continuer leur progression vers l'ouest et marcher sur Syrte.

"Nous sommes des combattants, nous ne nous rendons pas. La victoire ou la mort", a déclaré Moustafa Abdeldjeïl, le président du Conseil national libyen (CNL), qui représente l'opposition dans l'Est. "Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas libéré l'ensemble de ce pays", a insisté cet ancien ministre de la Justice de Kadhafi à une foule réunie à Al Baïda.

Avec Yvonne Bell et Chris Helgren à Tripoli, Mohammed Abbas à Ajdabiah, Tom Pfeiffer et Alexander Dziadosz à Benghazi, Yannis Behrakis et Douglas Hamilton à la frontière tunisienne, Louis Charbonneau à l'Onu et les rédactions d'Alger et de Rabat; Jean-Stéphane Brosse, Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français