Par TF1 News, le 17 janvier 2011 à 13h13, mis à jour le 17 janvier 2011 à 13:52
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/2011-01/les-biens-de-ben-ali-sous-surveillance-en-france-6225840.html
Dossier : Crise en Tunisie
Ben Ali est soupçonné d'avoir fui de Tunisie avec 1,5 tonne d'or. Mais sa famille possède aussi des biens importants hors de Tunisie. François Baroin a réaffirmé lundi que la France est "à la disposition des autorités tunisiennes" pour examiner le sort de ses biens immobiliers acquis en France.
Zine El Abidine Ben Ali, ex-président tunisien, et son épouse, en 1997 © www.abacapress.comDepuis que Zine El Abidine Ben Ali a fui son pays pour l'Arabie Saoudite, après un mois de manifestations réprimées dans le sang qui ont mis fin à 23 ans d'un règne sans partage, les proches de sa famille sont pourchassés en Tunisie, arrêtés ou tués, et leurs somptueuses villas saccagées. Et les rumeurs sur le "magot" qu'aurait emporté le président déchu vont bon train. Sa seconde épouse, Leïla Trabelsi, et la famille de cette dernière, se sont accaparé les richesses du pays en utilisant l'appareil d'Etat, usant d'alliances, de corruption, de menaces. De là à imaginer que Ben Ali et son épouse se sont enfuis en assurant confortablement leur retraite... Depuis deux jours, on évoque avec insistance en Tunisie une tonne et demie d'or qui aurait été emportée par l'ex-dirigeant, "empruntée" au dernier moment aux réserves de la Banque centrale de Tunisie.
La Banque centrale dément formellement : "les réserves d'or n'ont pas été touchées ces derniers jours ; les réserves de devises n'ont pas été touchées non plus, le pays a des règles très strictes". Mais ces rumeurs trouvent un écho du côté de l'Elysée. La présidence française, assure Le Monde, "se fonde sur des recoupements des services secrets français" qui "essaient de comprendre comment s'est achevée la journée de vendredi 14 janvier, qui a vu le départ du président et de sa famille et la chute de son régime". Or, selon les renseignements français, la femme du président se serait bel et bien "rendue à la Banque centrale de Tunisie chercher des lingots d'or", où elle aurait dans un premier temps essuyé un refus du gouverneur... avant qu'il ne cède sous la pression de Zine El Abidine Ben Ali. "Il semblerait que la femme de Ben Ali soit partie avec de l'or (...) 1,5 tonne d'or, cela fait 45 millions d'euros", a déclaré au journal un responsable politique français. Une information émanant de "source tunisienne" qui "a l'air relativement confirmée", selon un conseiller de l'Elysée.
Tracfin scrute les avoirs de Ben Ali
Mais à cette question de l'or de la Banque centrale de Tunisie, il faut ajouter celle des biens de la famille Ben Ali répartis dans divers pays... dont la France. A ce propos, François Baroin a réaffirmé lundi que la France se tenait "à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes" pour examiner le sort des biens immobiliers acquis en France par le président tunisien déchu.
Dans un premier temps, a rappelé le porte-parole du gouvernement et ministre du Budget, la France s'est placée sur un terrain administratif, saisissant Tracfin pour scruter le devenir des avoir financiers détenus en France par l'ex-président tunisien et ses proches. Dès samedi, il avait fait savoir que l'organisme antiblanchiment, qui dépend de Bercy, était chargé "d'informer les banques, les établissements financiers pour qu'ils exercent une vigilance renforcée sur tous les mouvements financiers qui concernent les avoirs de la famille et de l'entourage de l'ancien président Ben Ali". Mais il ne s'agit pas à proprement parler d'un gel - ce qu'a précisé Christine Lagarde : "Le gel ne se décide que sur décision judiciaire ou décision internationale. Ce que nous avons demandé à Tracfin c'est d'exercer une vigilance particulière et de procéder à un blocage administratif. Tracfin ce matin va demander à toutes les banques françaises d'être en vigilance extrême", a-t-elle expliqué lundi matin sur Europe 1.
La même "vigilance" s'applique donc également aux biens immobiliers : "les notaires sont sous la même contrainte et doivent notifier à Tracfin tout mouvement", a précisé Christine Lagarde. Ce qui n'exclut pas des mesures plus sévères dans l'avenir : après cette première phase visant les mouvements de fonds suspects, le volet immobilier fera l'objet d'un "processus judiciaire", a indiqué François Baroin. Deux organisations non gouvernementales, Transparency International et Sherpa, ont déjà annoncé leur intention de déposer une plainte contre X pour "corruption", visant implicitement le président tunisien déchu.