
Par TF1 News, le 18 janvier 2011 à 08h21, mis à jour le 18 janvier 2011 à 08:27
Dossier : Crise en Tunisie
"En trois jours, 'notre ami' Ben Ali est devenu notre meilleur ennemi", ironise l'Est Républicain, pendant que l'Humanité fustige "le long silence complice avec Ben Ali". D'autres éditorialistes voient dans cet épisode une "preuve de la faillite de la Françafrique".
Une grande partie de la presse française consacre ce mardi des éditoriaux à l'évolution de la situation en Tunisie, condamnant notamment le long soutien des autorités françaises au régime de Ben Ali. Pour Jean-Emmanuel Decoin, de l'Humanité, les Tunisiens "ne sont pas près d'oublier l'attitude cynique des dirigeants français, qu'aucune excuse ne pourra jamais pardonner aux yeux de l'histoire". Selon le quotidien communiste, "le long silence complice avec Ben Ali, de même que les belles affaires réalisées entre bons amis laisseront des traces". "Combien de personnalités politiques, économiques, journalistiques, universitaires et autres ont été régulièrement 'invitées' (pour le dire pudiquement) par le régime tunisien dans les palaces de Djerba ou de Tunis, pour, ensuite, prêcher la bonne parole de Bel Ali ?", poursuit le journal.
"Les liaisons ambiguës avec des pouvoirs corrompus ou/et autoritaires ne sont pas l'apanage d'un camp politique" en France, rappelle Dominique Quinio dans La Croix. "Mais elles ont assez duré. Aujourd'hui, ces nations et leurs peuples, qui ont avec la France une longue histoire tourmentée, ont le désir de tracer leur propre voie et de ne pas se voir dicter la route démocratique à suivre". Daniel Ruiz dans La Montagne estime de son côté que la gestion française de la crise tunisienne est une "preuve de la faillite de la Françafrique" et souligne que "la révolte tunisienne est une vraie révolution, violente et anti-occidentale aussi".
Un "savoir-faire" mal placé
"On s'est demandé, la semaine dernière, ce qui avait bien pu passer par la tête de MAM", Michèle Alliot-Marie, écrit Olivier Picard dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, en allusion aux déclarations controversées de la ministre des Affaires étrangères. Le 11 janvier, devant l'Assemblée nationale, MAM a proposé le "savoir-faire" français à la Tunisie pour le maintien de l'ordre et la gestion de manifestations qui, selon les ONG, avaient déjà fait plusieurs dizaines de morts. "Avec le recul, on s'aperçoit à quel point son étrange proposition a été symptomatique du décalage complet du gouvernement français par rapport à la situation à Tunis", poursuit l'éditorialiste. "Elle a résumé la proximité naturelle de la France avec le régime de Ben Ali. Au lendemain du triomphe de la Révolution, la citation de la ministre apparaît encore plus insupportable".
"En trois jours, 'notre ami' Ben Ali est devenu notre meilleur ennemi Zine el Abidine", ironise pour sa part Rémi Godeau dans l'Est Républicain. "La célérité à présent déployée pour accompagner la révolution de Jasmin n'a eu d'égale que la réticence, avant-hier, à condamner la répression. Comme elles furent longues ces heures où, les Tunisiens hurlant dans la rue, la France s'est trouvée sans voix, incapable de soutenir cet incroyable vent de liberté !..."