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mardi 18 janvier 2011

Les pays arabes tournés vers Tunis

Par Jean-Marcel Bouguereau
Publié le 18 janvier 2011 à 04h00
Mis à jour à 06h58 -
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2011/01/18/les-pays-arabes-tournes-vers-tunis,175775.php

Editorial

Si vous n'acceptez pas le changement, il vous sera imposé. C'est le message de la Tunisie aux dirigeants arabes », souligne Saad Djebbar, un avocat et politologue algérien. Car en moins d'un mois, la « révolution de Jasmin » a réussi à faire fuir comme un voleur le dictateur qui la muselait sous prétexte de la protéger des « barbus » islamiques.

Il suffit de lire la presse du voisin algérien pour prendre la mesure de l'événement : le quotidien El Watan estime que « la révolte populaire des Tunisiens est à présent le nouveau phare du monde arabe ». Le Quotidien d'Oran relève que « les Algériens suivent même avec de la jubilation ce qui est en train de se passer en Tunisie ». Le journal précise que la chute de Ben Ali donne « des sueurs froides à nos officiels, terrorisés par la peur de l'effet contagion «. L'exemple tunisien fait déjà trembler bien de ces régimes autoritaires. Plusieurs autres pays arabes, dont la Libye, ont diminué les prix en baissant les taxes ou en gelant des projets de baisses de subventions. En Algérie, au Maroc et en Egypte, les populations souffrent des mêmes maux, en particulier le manque d'emplois et le manque de logements.

Le gouvernement algérien a contenu de violentes manifestations contre le chômage, la pénurie de logements et la hausse des produits alimentaires en abaissant les prix du sucre et de l'huile. Ce lundi, on apprenait que la Syrie venait d'augmenter la subvention sur le fuel destiné au chauffage. Alors que l'ancien président tunisien arrivait en Arabie Saoudite, des dizaines de militants ont dansé devant l'ambassade de Tunisie au Caire, chantant « Ben Ali, dit à Moubarak qu'un avion l'attend pour décoller ».

Le second pays à réagir très vite est l'Égypte, le plus inquiet. Dès dimanche, le gouvernement égyptien annonçait qu'il allait prolonger la période pendant laquelle les petits partis seraient autorisés à déposer candidature à la présidentielle. Interdit de se présenter aux présidentielles de Septembre, El Baradei, en réclamant plus de justice sociale et des réformes politiques, séduit un nombre croissant d'Égyptiens. Pourra-t-il se présenter ? « Ce qui s'est passé en Tunisie donnera un élan inimaginable pour le changement en Égypte », expliquent les associations de défense de droits de l'Homme égyptiennes.

Dans un petit livre brillant, Samir Kassir écrivait que « modernité et arabisme ne sont pas incompatibles » : Les idéaux des Lumières ont été des thèmes porteurs de la Nahda, la Renaissance du XIXe siècle, et les acquis de la modernité ont été volontiers adoptés pendant les trois-quarts du XXe. Pour que la démocratie le soit à son tour, il faudrait que les Arabes acceptent l'idée d'un retour à l'universel. » Sans doute en prenons-nous le chemin.