Alors que la situation en Tunisie se détériore, et que des affrontements ont éclaté hier soir dans la banlieue de Tunis, ...
les informations sont difficiles à collecter. Responsable du Parti communiste tunisien (PCOT), Hamma Hammami, 59 ans, a le privilège d'être l'un des opposants les plus détestés par le président Ben Ali. Tout juste sorti de la clandestinité, joint hier par La Voix du Nord, ce militant des droits de l'homme dresse un portrait tragique des troubles. « Selon des sources syndicales, la seule ville de Kasserine (est) a connu 50 morts depuis samedi, révèle Hammami. Rien que pour lundi, on nous y annonce11 décès. À Thala (plus au nord), les rassemblements, même par petits groupes, sont interdits. Il y a des tireurs d'élite sur les toits. » Le dissident signale l'organisation de manifestations à travers tout le pays, « y compris dans les petites communes. » « À Tunis, ce mardi, la police a molesté des personnes qui tentaient de manifester, poursuit Hammami. Ma femme, l'avocate Radhia Nasraoui, était parmi eux. »
Provocations
Prononcé lunid, le discours télévisé du président Ben Ali n'aurait donc pas apaisé les esprits. Bien au contraire. « Juste après, plus de vingt postes de police ont été saccagés par la population dans la région de Kasserine, rapporte Hamma Hammami. Le public s'attendait à des excuses publiques, à l'annonce d'une enquête, à des libérations de prisonniers. Au lieu de cela, le discours a été menaçant, qualifiant les émeutiers de terroristes. » Cet homme, déjà opposant sous le régime Bourguiba, évoque une stratégie de la terreur. « Parmi les morts, il n'y a pas que des jeunes, s'emporte Hammami. Il y a des personnes âgées, des enfantsaussi. Tués par les balles. Et aussi par des gaz lacrymogènes destinés en principe aux animaux. Ces grenades sont trop puissantes pour des êtres humains. Et depuis que les associations, les partis et les syndicats encadrent le mouvement, les forces de l'ordre multiplient les provocations. » •
LAKHDAR BELAÏD
Les émeutes de ces derniers jours en Tunisie ont fait 21 morts selon le ministre tunisien de la Communication qui a démenti les bilans supérieurs à ce nombre. Selon lui, « la police n'a jamais tiré sur des manifestants, les morts sont tombés lors des attaques et actes de vandalisme par des bandes aux visages cachés. Ces groupes sont manipulés par des extrémistes parmi les islamistes et la gauche ».