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mercredi 23 février 2011

Droit dans le mur, dans tous les cas !


A ce jour, Obama fait face à la dégradation des différents aspects de ses politiques au Moyen-Orient. Et c’est en grande partie suite à l’application de ses politiques que la région, plus que jamais, se rapproche de la guerre.
En Irak, l’engagement d’Obama au retrait de toutes les forces combattantes du pays d’ici l’été a encouragé les différentes forces luttant pour la prise du pouvoir national en enflammant le pays.
En Afghanistan, la montée subite de la politique d’Obama et de sa politique de la chaise vide laisse les alliés potentiels des Etats-Unis protéger comme ils peuvent leurs chances d’émerger politiquement. Ce vide amena la remise en cause des associés des Etats-Unis au sein de l’alliance de l’OTAN, lesquels se questionnent quant au but de leur déploiement dans ce pays.
Puis vient le cas de l’Iran. Un rapport publié par le New York Times de la semaine dernière indiquait qu’en janvier, le Secrétaire à la Défense, Robert Gates, a émis une note à l’attention du Conseiller à la Sécurité Nationale, James Jones. D’après ce document, l’administration d’Obama n’a aucune politique efficace pour traiter le programme des armes nucléaires de l’Iran, exposant l’amère vérité par laquelle, face au problème de politique étrangère le plus aigu auquel ils font face, Obama et son équipe étaient partis déjeuner dehors.
Gates tenta d’atténuer l’impact de cette néfaste anecdote en disant que la Maison Blanche se trouve vraiment confrontée à des choix entre diverses options toutes plus mauvaises les unes que les autres. Avant même que l’encre de sa note ait séchée, sa Sous-Secrétaire à la Défense pour la Politique, Michele Flournoy, disait aux journalistes à Singapour que l’option militaire «n’est pas sur la table à court terme».
L’Iran continue pour sa part à faire monter l’escalade par son comportement menaçant. La semaine dernière, ses forces navales ont, de manière significative, prohibé l’accès à un bateau français et à un bateau italien naviguant à travers le détroit d’ Ormuz.

La semaine dernière, l’annonce du Président Shimon Pérès selon laquelle la Syrie avait transféré des missiles Scud au Hezbollah au Liban constituait un sérieux avertissement au sujet de l’Iran et de ses affidés qui préparent avec diligence la guerre contre Israël. Cet avertissement a également démontré que les tentatives de l’administration d’Obama pour gagner par la diplomatie un éloignement de la Syrie concernant ses liens à l’Iran, ont complètement échoué.
Les rapports des fonctionnaires de l’administration américaine faisant suite à la bombe lâchée par Peres nous précisent que les actions belliqueuses de la Syrie n’ont pas amené le président des Etats-Unis à reconsidérer son échec politique. Les conseillers d’Obama ont répondu à ces informations en revendiquant mal à propos que leur politique d’« engagement » les autorisait à traiter le problème avec leurs interlocuteurs syriens trois fois avant l’annonce de Pérès et une fois de plus après qu’il ait effectué sa déclaration.
Et le problème n’a pas de fin. Comme la Secrétaire d’état Hillary Clinton l’a annoncé la semaine dernière, l’administration d’Obama élargira bientôt son dialogue avec la Syrie en envoyant à nouveau l’ambassadeur des Etats-Unis à Damas pour la première fois depuis que le Président syrien Bashar Assad a fait assassiné l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri voici cinq ans. Ceci dit, Obama a choisi de répondre à la stratégie de la corde raide ouvertement assumée par la Syrie en récompensant Assad qui retrouve ainsi un panache et une nouvelle légitimité que nous découvrons à nos yeux ébahis.
Et le pire n’est pas encore atteint. En effet, les conseillers d’Obama admettent ouvertement qu’ils ne comprennent pas pourquoi la Syrie reste un état-voyou en dépit de leur dialogue positif avec ce pays. Comme un haut fonctionnaire l’a dit à la revue Foreign Policy, comprendre pourquoi la Syrie – état arabe client de l’Iran – agit semblablement à ce même positionnement est devenu «la question à un million de dollars».
« Nous ne comprenons pas les intentions syriennes. Personne n’y parvient, et tant que nous n’éluciderons pas cette question, nous ne pourrons parvenir à la racine du problème», a déclaré le fonctionnaire au magazine politique.
Mais tandis qu’ils attendent que l’Oracle de Damas dévoile de lui-même son sens, ils continuent à courtiser Assad alors que celui-ci poursuit ses provocations guerrières.

Voyons maintenant ce qu’il en est des Palestiniens. Après son dernier rejet de l’émissaire d’Obama, George Mitchell, lequel devait conduire des négociations indirectes avec Israël, le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a expliqué que les constats formulés par Obama lui-même ont convaincu les Palestiniens qu’il n’y a rien à négocier.
Tel qu’il l’a formulé : «Puisque Vous, Monsieur le Président, et vous autres, membres de l’administration américaine, y croyez [au besoin pressant d’un état palestinien], c’est de votre devoir d’appeler à la mise en place des étapes nécessaires pour atteindre la solution et même à l’impo­ser. Imposez-la ! Mais ne me dites pas que cela relève d’un intérêt national américain stratégique… et après, ne rien faire..»

Enfin, observons la situation d’Israël. Dans la même semaine, le Président de l’Union des Chefs Amiraux – Michael Mullen – a refusé d’exclure la possibilité que les Etats-Unis abattent des avions israéliens en cours de route pour attaquer les installations nucléaires de l’Iran et Obama a de nouveau blâmé Israël pour le décès des soldats américains en Irak et en Afghanistan. Jim Jones a certes essayé de rassurer les Juifs Démocrates qui, en dépit des actions et des rapports hostiles de l’administration, leur expliquent que tout ceci n’avait rien d’hostile envers Israël.
Le discours de Jones faisait partie d’un plan largement diffusé auprès du public, que l’administration a adopté la semaine dernière face à la vive colère des Juifs américains proches d’Obama pour son hostilité face à Israël. Sachant que les Juifs américains ont massivement assuré un nombre de voix parmi les plus engagées au sein du Parti démocrate, et ce, depuis 1932, les récents sondages, prouvant que la majorité des Juifs américains s’opposent au traitement qu’Obama réserve à Israël, constituent un séisme politique.
Un sondage publié la semaine dernière par Quinnipiac établie un chiffre record de 67% de Juifs américains désapprouvant l’action d’Obama concernant le conflit Israélo-palestinien. Un sondage auprès du même public de Juifs américains entrepris par John McLaughlin plus tôt dans le même mois a prouvé qu’une majorité de Juifs américains pensent voter pour un candidat autre qu’Obama lors des prochaines élections présidentielles.
Concernant Israël, la désapprobation des Juifs américains envers Obama est en parfaite harmonie avec les vues du grand public. Comme le sondage Quinnipiac le montre, seuls 35% des Américains approuvent sa relation à Israël.
Le discours de Jones devant l’Institut de Washington pour la Politique Moyen-Orientale était une opération de séduction amicale. Il a redoré le blason de l’alliance idéalisée entre les Etats-Unis et Israël. Il a aussi évoqué combien Israël compte pour Obama. Et la foule l’a récompensé en l’applaudissant à tout rompre après s’être levée.
Mais la substance de son discours a fait apparaître de manière on ne peut plus claire combien Obama et ses conseillers sont conscients du fait que, pour la première fois en 80 ans, un nombre significatif de Juifs américains pourraient abandonner le Parti Démocrate. Et l’équipe d’Obama est peu disposée à payer ne serait-ce qu’un centime pour garder au sein de leur formation les Juifs fidèles à leur parti.
Après qu’il eut fini ses déclarations d’amour à Israël, suivies de sa plaisanterie sur les hommes d’affaires juifs en Afghanistan et sur leur esprit commerçant, Jones a précisé que l’administration d’Obama considère toujours le refus d’Israël d’offrir plus de terre aux Palestiniens comme principale raison de ses efforts pour convaincre l’Iran de renoncer à son programme nucléaire, de convaincre les Syriens qu’ils se désengagent de l’axe iranien, de convaincre Pa­lestiniens et Libanais de stopper le chantage à la terreur, et aux Irakiens et Afghans de se comporter comme des Américains après que tous y ont échoué.
Comme il l’a bien formulé, « «Une des manières dont l’Iran exerce son influence au Moyen-Orient relève de l’exploitation d’un conflit israélo-arabe sans fin. L’Iran emploie le conflit pour maintenir d’autres pays dans la région sur leur défensive et pour tenter de limiter son propre isolement. La fin de ce conflit, la réalisation de la paix entre Israéliens et Palestiniens et l’établissement d’un état palestinien souverain aboutiront donc, une fois réalisé l’éloignement de l’Iran, du Hezbollah et du Hamas. »

Jones, Obama et le reste de leur équipe devaient sans doute dormir quand les Saoudiens, les Egyptiens, les Jordaniens et le reste du monde arabe leur ont dit que le cas de l’Iran est un problème indépendant de la question palestinienne et que l’Iran doit être stoppé dans son projet d’acquisition des armes nucléaires, indépendamment de la question des relations israélo-palestiniennes. Ce rappel eut lieu après le principal message, allant dans le même sens, qui fut communiqué à Obama et à ses conseillers, depuis janvier 2009, par chaque état à majorité sunnite de la région tout autant que par beaucoup de Chiites irakiens.
L’équipe Obama était sûrement occupée à évoluer sur une pelouse de golf quand leurs généraux en Irak et en Afghanistan les ont avertis que l’Iran fournissait des armes et entraînait des sections d’assaut sans aucune légitimité visant à tuer des soldats américains.
Même face à un public juif, le fait que Jones n’ait pas résisté à la tentation de répéter l’erreur principale à l’origine des ratages politiques de l’administration Obama au Moyen-Orient montre clairement que, fondamentalement, cette dernière ne s’inquiète pas du fait que les Américains dans leur ensemble et la communauté juive américaine en particulier, s’opposent à ses politiques. L’équipe Obama continuera donc à mener ses politiques face à cette opposition quoi qu’il en soit. Et si les Juifs américains veulent quitter le parti, eh bien, personne ne compte les en empêcher.
A ce sujet, la manière dont l’administration d’Obama a traité le sénateur New-Yorkais Charles Schumer cette semaine constitue un exemple significatif. Schumer a été l’un des défenseurs les plus fidèles d’Obama. Si, comme l’on peut s’y attendre, le leader de la Majorité du Sénat, Harry Reid, perd le pari de sa réélection en novembre, Schumer a la possibilité de le remplacer en tant que Chef du Parti démocrate au Sénat.
Pourtant, cette semaine, répondant à ce qui fut probablement un énorme tollé au sein de ses électeurs, Schumer a tancé Obama pour sa minable et dangereuse politique de pression sur Israël. Au lieu d’y répondre en des mots choisis qui auraient ici convenu à la critique de Schumer, Robert Gibbs, le porte-parole d’Obama, l’a mis au ban, clamant avec sarcasme «Je ne pense pas excessif de signaler que nous ne sommes pas d’accord avec ce que le Sénateur Schumer a dit à travers ces remarques.»
Dans son entrevue de la semaine dernière sur la 2ème chaîne, le Premier Ministre Binyamin Netanyahu a indiqué qu’il n’a aucun doute sur le fait que, si Obama souhaite arrêter la nucléarisation de l’Iran, il en est parfaitement capable. Ainsi qu’il l’a dit, « Barack Obama a démontré sa détermination en ce qui concerne des problèmes qu’il estime importants, et sa détermination était tout à fait impressionnante. Je pense que le Président Obama peut montrer cette même détermination en ce qui concerne l’Iran. »
Aucun doute que Netanyahu voit juste. D’ailleurs, Obama est capable de comprendre par lui-même une telle orientation politique.
Obama passa en force la nationalisation des industries américaines de la santé par le Congrès, et ce, à l’encontre même du souhait du public américain. Ce qui a mis du plomb dans l’aile à son taux de popularité personnel autant qu’à celui de son parti. Et tout autant, Obama gagnerait l’appui soutenu du public américain s’il se décidait à prendre en main la question de l’Iran. En effet, un choix déterminé et réussi d’Obama pour bloquer les aspirations nucléaires de l’Iran pourrait potentiellement bloquer ce qui ressemble actuellement à une catastrophe à moyen terme pour l’élection de son parti en novembre.
Mais comme le note Gates au sujet de l’Iran, l’annonce de Clinton selon laquelle l’administration prendra les rênes (de la politique moyen-orientale) s’ac­compagnera de son plan pour envoyer à nouveau un ambassadeur à Damas. Par ailleurs, le dernier échec de Mitchell avec les Palestiniens, la nouvelle accusation de Jones contre Israël, et l’incohérence stratégique de l’Amérique en Irak et en Afghanistan, tout ceci montre qu’Obama ne comprend pas la politique la plus élémentaire. Que ses défenseurs les plus fidèles l’abandonnent ne lui fait pas question. Que ses choix politiques aient mis en danger le Moyen-Orient et le monde dans son ensemble ne le préoccupe pas plus.
Le refus d’Obama de reconnaître ses propres échecs éclaire son but comme étant différent de celui de ses prédécesseurs. Il est en place pour changer la position de l’Amérique dans le monde, non pour assurer la sécurité de ce dernier. Et il poursuivra son idée d’apporter des changements structurels même si cela est synonyme d’encouragements à la guerre. Il insistera sur ces changements censés transformer la situation même si cela implique que l’Iran devienne une puissance nucléaire. Et il fera pression pour défendre son idée du changement même si elle signifie que des forces américaines puissent être forcées à quitter l’Afghanistan et l’Irak dans la défaite.

Caroline Glick a autorisé Le Lien à traduire et diffuser en français ses articles.

Traduit et adapté de l’original anglais par Frédéric Daniel Gandus

http://www.israel7.com/2010/05/droit-dans-le-mur-dans-tous-les-cas/