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mardi 22 février 2011

Kadhafi: «Je préfère mourir en martyr»

il y a 24 min

Libération.fr

Monde 22/02/2011 à 07h29 (mise à jour à 18h55)

Kadhafi: «Nous n'avons pas encore utilisé la force»

Heure par heure

Dans un discours télévisé, Kadhafi affirme qu'il luttera «jusqu'à son dernier souffle». L'ONU parle de «possibles crimes contre l'humanité». La France a envoyé trois avions militaires pour rapatrier ses ressortissants.

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Par LIBÉRATION.FR

Capture écran de l'intervention télévisée de Kadhafi ce mardi.

Capture écran de l'intervention télévisée de Kadhafi ce mardi.

L'ESSENTIEL
Dans un discours télévisé, Kadhafi invite la jeunesse à se constituer en comité de défense. Il dit «préférer mourir en martyr».
Les Nations-unies évoquent des crimes contre l'humanité.
Selon la FIDH, la répression aurait fait entre 300 et 400 morts.

18h10. Fin du discours: florilège des citations les plus marquantes:

«Nous n'avons pas encore utilisé la force, la force vient du peuple libyen. Si nous devions être amené à utiliser la force, nous le ferons en fonction de la constitution et du droit international.»

«Demain, ils pleureront, ils demanderont notre pardon et nous ne leur accorderons pas

«C'est une minorité de terroristes qui veulent faire un nouvel émirat sous les ordres de Ben Laden

«Je n'ai pas donné encore l'ordre d'utiliser la force,
parce que si ça devait être le cas, ça serait la politique de la terre brûlée

«Nous sommes libres et nous sommes libres d'utiliser la force excessive»

«Dès demain nous allons avoir une nouvelle administration, un nouveau pouvoir populaire véritable. Pour qu'il y ait une constitution, je n'ai pas d'objection.»

«Je n'ai pas de palais, pas d'argent, je n'ai même pas d'avenir. J'ai consacré ma vie à la révolution.»

«Les ports, les aéroports sont bloqués, la vie est paralysée. Il n'y a plus de combustible, plus de téléphone qui marche.»

17h35. Kadhafi poursuit son discours.

«A partir de ce soir et de demain, les jeunes, tous les jeunes, pas les jeunes drogués, la jeunesse de Libye doit constituer les comités populaires en portant des brassards des comités de protection.»

«Nous invitons les officiers libres à aller assurer la sécurité de leur tribu. Qu'ils ne se joignent pas à ces collaborateurs de l'Amérique.»

«Je vous invite à sortir dans la rue. c'est vous qui devez assurer la défense et la protection de la révolution populaire. Cette sécurité vient de ce pouvoir populaire.»

«Dès demain, j'invite la jeunessse à se constituer en comité de défense de la révolution populaire, dans toutes les villes et les villages de Libye.»

«Dès demain, qu'ils portent un brassard, qu'il y ait des comités de protection de défense des valeurs sociales et qu'ils soient constitués par les porteurs du Coran. Ils sont au nombre d'un million constitués des imams qui connaissent le véritable salafisme. Pas le salafisme des assassins, le véritable salafisme qui assure la sécurité des femmes et des mœurs.»

«Des femmes ont été kidnappées par ces groupes criminelles. La population vit un véritable cauchemar, avec ces blindés, ces hélicoptères, avec ces menaces sur notre sécurité.»

«Dès demain nous allons avoir une nouvelle administration, un nouveau pouvoir populaire véritable. Pour qu'il y ait une constitution, je n'ai pas d'objection. C'est l'autorité populaire.»

«Je n'ai pas de palais, pas d'argent, je n'ai même pas d'avenir. J'ai consacré ma vie à la révolution.»

«Je pense que Saif El Islam (son fils) va traiter avec les ambassadeurs, pour rétablir la vérité. Beaucoup ne connaissent la vérité que via les chaînes de télé traitresses qui cherchent à déformer la vérité. La télé libyenne va apporter sa réponse à toutes ces contre-vérités. Nous allons leur répondre.»

«Les ports, les aéroports sont bloqués, la vie est paralysée. Il n'y a plus de combustible, plus de téléphone qui marche.»

«Une seule personne avait réussi à terroriser la ville de Washington.
Il s'attaquait aux écoles, il attaquait une nouvelle école, il disparaissait.
Ca a paralysé la vie scolaire.
Une seule personne a terrorisé la vie entière, et ici nous avons une epignée de jeunes qui a terrorisé la ville de Benghazi.»

17h30. Kadhafi multiplie les références historiques.

«L'Amérique a rasé Falloujah. Elle a pilloné les mosquées à Falloujah en disant que Zarkaoui, le terroriste, était là. Les Américains l'ont fait, alors qu'est-ce qu'on pourrait nous faire»

«Bagdad a été détruite, des familles entières sont mortes. Il y a des millions de personnes qui sont mortes, bombardées par l'aviation américaine»

«Nous sommes libres et nous sommes libres d'utiliser la force excessive»

«Lorsque les Israéliens bombardent, ils disent qu'ils ont le droit de bombarder Gaza»

«Vous avez vu les images? Vous voulez que votre pays devienne comme l'Irak et la Somalie? Les mêmes groupes sont ici. Vous voulez devenir comme à Falluja [en Irak]?»

17h25. De nouveaux extraits de son l'intervention de Kadhafi selon la traduction en direct d'I-Télé.

«Dès demain la sécurité sera aux mains des officiers de police et de l'armée

«Réveillez-vous! Vous voulez que Benghazi soit un lieu de destruction sans eau ni electricité?»

«Et ces bandes peuvent s'attaquer aux ressources petrolières et ça peut vous ramener cinquante ans en arrière. Nous étions heureux de la reconstruction de Benghazi et c'est vos enfants qui vont la détruire?»

«Vous voulez être l'Irak, le Pakistan, la Somalie? Si ça ne vous plait pas, manifestez contre ces jeunes

«C'est une minorité de terroristes qui veulent faire un nouvel émirat sous les ordres de Ben Laden

«Vous voulez une nouvelle colonisation imposée par les bombes?»

«Je n'ai pas donné encore donné l'ordre d'utiliser la force,
parce que si ça devait être le cas, ça serait la politique de la terre brûlée

«Nous allons nous retrouver dans une guerre entre les différentes tribus. Voilà ce qui attend la Libye si vous n'y mettez pas fin tout de suite».

17 heures. Kadhafi annonce qu'il restera en Libye en «chef de la révolution». Voici quelques extraits de son intervention selon la traduction en direct d'I-Télé.

«Des appareils qui ont survolé tous les palais. Pourquoi? Parce que Kadhafi a été président de la République. C'est parce que Kadhafi a un passé de lutte pour la Libération.»

«Ils cherchent à copier ce qui s'est passé en Tunisie.»

«Ils incitent vos enfants à aller combattre, et nous allons nous entretuer de fait.»

«J'invite le peuple libyen à constituer de nouveaux comités populaires

«Nous n'avons pas encore utilisé la force, la force vient du peuple libyen. Si nous devions être amené à utiliser la force, nous le ferons en fonction de la constitution et du droit international.»

«Dès demain, je vous invite à aller dans la rue, à les affronter».

«Est passible de mort tout Libyen qui aurait porté les armes contre la Libye» [le code pénal à la main].

«Demain, ils pleureront, ils demanderont notre pardon et nous ne leur accorderons pas

16h50. Le Wall Street Journal prend parti. Le quotidien américain appelle les pays occidentaux à armer les manifestants libyens afin de renverser le régime du colonel Kadhafi.

Sous le titre «Libérer la Libye», le journal accuse Mouammar Kadhafi «d'assassiner son propre peuple, comme il l'a fait si souvent pendant son règne obscurantiste de 42 ans».

16h45. Martine Aubry en appelle au CPI.«Le Conseil de sécurité de l'ONU doit saisir la Cour pénale internationale pour que la réaction de Kadhafi soit considérée comme un crime contre l'humanité», a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry.

16h35. Elysee.fr a-t-il supprimé de son site les photos de Sarkozy rencontrant Kadhafi lors de la visite du dictateur en décembre 2007? En effet, on n'en retrouve aucune trace. Le site a démenti vigoureusement mais il aurait «menti» selon Owni.fr.

«Le moteur de recherche Yahoo montre que trois photos au moins avaient à l’époque été publiées dans une galerie qui, depuis, a effectivement disparu des serveurs d’Elysee.fr. Pour la retrouver, il fallait chercher Qaddafi, et non Kadhafi, l’Elysée ayant pris grand soin d’orthographier le nom du “Guide de la Révolution” libyenne sous sa graphie arabisante».

Toutefois, le site note que ce n'est pas forcement une censure voulue, puisqu'on retrouve sur Elysée.fr un reportage photographique consacré au voyage en Libye de Nicolas Sarkozy, en juillet 2007.

16h30. Témoignages. Human Rights Watch (HRW) publie des témoignages d'habitants de Tripoli sur les violences commises hier.

16h25. Nouvelle défection au sein de l'armée? Al-Jezira rapporte qu'un «élément de la marine libyenne» a été repéré par l'Italie au large des côtes de Malte.

16h20. Polémique en Afrique du Sud. Selon la correspondante de la BBC à Johannesburg, Karen Allen, des «députés de l'opposition en Afrique du Sud affirment avoir la preuve que plus de 100 fusils de sniper et 50.000munitions ont été exportés vers la Libye en 2010». L'information a été rejetée par le ministre de la Défense, Lindiwe Sisulu.

16h10. Manifestation à Paris. Environ 150 personnes, selon la police, se sont rassemblées à Paris devant l'ambassade de Libye, scandant notamment «Kadhafi assassin», «on veut qu'il parte», «on veut la tête de l'assassin».

16 heures. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit actuellement. «Nous soutiendrons des mesures très rapides», a déclaré l'ambassadeur allemand Peter Wittig, soulignant que la situation explosive en Libye avait «des implications régionales et internationales».

15h50. Selon un bilan de Human Rights Watch, au moins 62 personnes sont mortes à Tripoli depuis dimanche. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch précise se baser sur des informations émanant de deux hôpitaux.

15h45. L'ambassadeur libyen en France soutient le mouvement. Il se dit «avec le peuple» contre «la machine d'oppression», mais n'a pas démissionné, précise une représentante de la délégation libyenne à l'Unesco.

15h20. Selon cette vidéo de la chaîne d'information Euronews, les forces de l'ordre ont rejoint les manifestants dans la ville de Tobrouk, dans l'est de la Libye.

15h10. La télévision libyenne annonce une intervention imminente de Mouammar Kadhafi. Selon Al-Jezira, il devrait annoncer «d'importantes réformes ».

15h05. Exclusivité Libération.fr. Nouri el-Mismari, ancien chef du protocole libyen et proche de Kadhafi, témoigne pour Libé.fr des massacres en cours à Tripoli.

14h50. Un point sur les défections au sein du régime libyen. A l'heure actuelle, les ambassadeurs libyens aux Etats-unis, en Inde, au Bangladesh, en Australie, en Malaisie, ont annoncé avoir démissionné.

Le ministre de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, et le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe, Abdel Moneim al-Honi, ont également lâché le régime.

Des membres de l'équipe diplomatique libyenne, emmenés par l'ambassadeur adjoint de la Libye à l'ONU, Ibrahim Dabbashi, ont quant à eux exhorté l'armée libyenne à renverser Mouammar Kadhafi, un «tyran», qu'ils accusent de «génocide».

14h40. L'ambassadeur libyen aux Etats-Unis démissionne. Il a annoncé qu'il refusait de servir «une dictature» et appelé au départ deMouammar Kadhafi, dans une interview à la chaîne de télévision américaine ABC.

14h30. L'UE discute de possibles sanctions.«Plusieurs pays de l'Union européenne ont demandé des discussions sur des mesures restrictives» contre le régime de Mouammar Kadhafi, affirment des sources diplomatiques. Les pays européens peinent à se mettre d'accord en raison de l'opposition de l'Italie et de Malte, alors que le sujet doit être abordé dans la journée au cours d'une réunion d'ambassadeurs des 27 pays de l'Union à Bruxelles.

14h25. Le groupe espagnol Repsol suspend sa production de pétrole en Libye, annonce un porte-parole.

14h20. Fin des combats à Benghazi. Les combats ont cessé mardi à Benghazi (est de la Libye) mais les habitants craignent des bombardements aériens, selon des témoignages recueillis mardi au téléphone par l'AFP.

«Il n'y a plus d'affrontements à Benghazi depuis lundi soir. L'armée et les manifestants ont fait tomber la Katiba Fadil Bouaamar, la caserne de la garde présidentielle, après deux heures de combats entre 20h et 22h», affirme Oussama, un habitant de Benghazi qui préfère taire son patronyme.

Une vidéo de Benghazi après les combats.

13h20. Des cadavres dans les rues de Tripoli. Salem Gnan, un porte-parole du Front National pour le Salut de la Libye,basé à Londres, évoque au quotidien The Guardian «des cadavres dans les rues de Tripoli», rapportant des propos de son frère-frère.

«Il y a des rapports qui indiquent que le principal hôpital a été bombardé et que toute personne qui est dans la rue - surtout les groupes de plus de trois ou quatre personnes- est abattu », a-t-il déclaré.

13h15. Des milliers de travailleurs égyptiens fuient ou tentent de fuir la Libye.«Quelque 10.000 Egyptiens sont actuellement en attente d'être évacués au poste frontière de Saloum», 750 km à l'ouest d'Alexandrie, a indiqué mardi matin à l'AFP une source au sein des services de sécurité. Reportage de la chaîne Al-Jezira sur la situation à la frontière.

13h10. L'Est libyen au main de l'opposition? C'est ce qu'affirme le correspondant de CNN qui a pénétré en territoire libyen.

13 heures. L'Arabie saoudite ne laissera pas s'installer une pénurie de l'offre de pétrole affirme le vice-ministre saoudien du pétrole Abdelaziz ben Salman à la chaîne financière américaine CNBC. Il appelle «les investisseurs» a ne pas «réagir au risque».«S'il y a le feu dans la maison, la panique mène au désastre», a-t-il déclaré.

12h35. Trois avions français à Tripoli. la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, annonce l'envoi par Paris de trois avions à Tripoli pour évacuer des Français dont la présence dans le pays «n'est pas indispensable».

12h30. Crimes contre l'humanité en Libye? «Les attaques systématiques et généralisées contre la population civile peuvent constituer des crimes contre l'humanité», déclare la haut commissaires des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, dans un communiqué.

12h25. La note de la Libye dégradée. Après Fitch, l'agence de notation, Standard and Poor's, abaisse la note souveraine de la Libye d'un cran, de BBB+ à BBB, en raison de «la révolte populaire grandissante» contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et envisager une nouvelle dégradation dans les trois mois à venir.

12h20. Le correspondant de CNN, Ben Wedeman, est l'un des premiers journalistes occidentaux à pénétrer sur le territoire libyen. Voici ses premières impressions.

12h10. Nouvelle démission d'un diplomate. Un diplomate de l'ambassade de Libye au Maroc démissionne pour protester contre «l'extermination quotidienne du peuple» libyen, a-t-il déclaré mardi à l'AFP.

11h55. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, demande aux autorités libyennes de ne pas commettre «l'erreur» d'ignorer les demandes du peuple pour plus de démocratie.

Dans la nuit. Une manifestation a eu lieu lundi soir devant l'ambassade libyenne à Londres. Les manifestants s'en sont notamment pris au drapeau libyen.

11h35. Le ministre français de l'Energie Eric Besson assure qu'il n'y «avait pas de péril sur les approvisionnements» en pétrole, malgré l'escalade de la violence en Libye, l'un des principaux producteurs d'or noir, qui a fait bondir les cours du brut.

11h30. L'ONU exige une enquête internationale. La haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay a exigé mardi l'ouverture d'une «enquête internationale indépendante» sur les violences en Libye et demandé l'«arrêt immédiat des graves violations des droits de l'Homme commises par les autoritéslibyennes ».

«La brutalité avec laquelle les autorités libyennes et leurs mercenaires tireraient à balles réelles sur des manifestants pacifiques est inadmissible» a indiqué Mme Pillay dans un communiqué. «La communauté internationale doit être unie dans la condamnation de tels actes et doit prendre des engagements sans équivoque pour s'assurer que justice sera faite pour les milliers de victimes de la répression», a-t-elle ajouté.

11 heures. Des mercenaires dans la capitale. Plusieurs vidéos diffusées sur YouTube laissent accréditer la thèse que Kadhafi auraient recruté des mercenaires pour contenir les manifestations.

10h55. Les prix du pétrole au plus haut depuis 2008, en raison des tensions dans le monde Arabe et surtout en Libye.

10h50. Scènes de combats dans les rues de Tripoli. Des cris, des tirs, des gens qui courent. Ces scènes auraient été tournées à Tripoli selon Al-Jezira, dans la nuit de dimanche à lundi, après l'intervention de Kadhafi.

10h45. 1000 memories.com, un site à la mémoire des morts dans la répression en Libye, vient d'être mis en ligne.

10h40. Al-Jezira a dressé une carte des violences qui se seraient produites en Libye ces derniers jours.


View Mapping Violence Against Pro-Democracy Protests in Libya in a larger map

10h30. Une centaine d'Italiens de Benghazi vont être rapatriés par avion militaire. Un C-130 «est prêt à partir d'Italie pour rapatrier une centaine de nationaux qui se trouvent à Benghazi», a déclaré le ministre italien de la Défense Ignazio La Russa à la presse à Abou Dhabi, où il se trouve en visite officielle.

10h15. L'Organisation de la conférence islamique a condamné mardi l'usage de la force «excessive» par les organes de sécurité qui répriment le soulèvement populaire en Libye.

10 heures. L'ambassadeur de Libye à l'ONU prend ses distances avec le régime. Interviewé par Al-Jezira, Ibrahim Dabbashi explique qu'il est «au service du peuple libyen», qu'il n'a jamais été «au service du régime» et qu'ils «n'ont aucun contact» avec les services de Kadhafi.

La nuit de lundi à mardi. Etrange apparition. Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi, invisible depuis le début du mouvement de révolte, a fait une brève apparition en «direct» tard hier soir sur la télévision d'Etat, vraisemblablement depuis sa résidence de Bab Al Azizia à Tripoli. 22 secondes, énorme parapluie en main au sortir d'une voiture. Rien qui visuellement ne permette vraiment de confirmer la présence du leader Libyen à Tripoli.

«Je vais voir les jeunes sur la place verte. C'est juste pour prouver que je suis à Tripoli et non au Venezuela et démentir les télévisions, ces chiens», s'est-il contenté d'affirmer en réponse aux informations diffusées lundi par plusieurs télévisions et médias internationaux, selon lesquelles il aurait quitté la Libye pour le Venezula. Le leader aurait aussi démenti être réfugié en France, selon certaines traductions non encore vérifiées.

Sur un bandeau rouge, la télévision nationale a inscrit ensuite: «Dans une rencontre en direct avec la chaîne satellitaire Al-Jamahiriya, le frère leader de la révolution a démenti les rumeurs des chaînes tendancieuses.»

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait déclaré dans l'après-midi en marge d'une réunion à Bruxelles que le colonel Kadhafi pourrait avoir fui son pays et être en route vers le Venezuela, ce que Caracas avait pratiquement immédiatement démenti.

Le bilan de journée de lundi. Les violents affrontements se sont poursuivis lundi en Libye, y compris dans la capitale Tripoli et dans plusieurs villes aux mains des manifestants.

Là encore la télévision d'Etat dément: «Ils disent qu'il y a des massacres dans plusieurs villes, villages et quartiers en Libye. Nous devons lutter contre ces rumeurs et mensonges qui font partie d'une guerre psychologique», est-il écrit sur un bandeau rouge qui passe sur la télévision Al-Jamahiriya. Ces informations «visent à détruire votre moral, votre stabilité et vos richesses».

Conseil de sécurité de l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réclamé lundi dans un entretien téléphonique avec le colonel que les violences contre les manifestants cessent «immédiatement», selon son porte-parole. Ban Ki-moon a annoncé plus tard la tenue mardi d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la Libye.

La télévision d'Etat libyenne a annoncé que les forces de sécurité menaient une opération contre «les repaires de saboteurs et de terroristes», qui a fait «plusieurs morts» lundi.

L'armée a bombardé des dépôts d'armes situés loin des zones urbaines, selon Seïf Al-Islam, un des fils du colonel, cité par la télévision.

Des habitants de Fachloum et de Tajoura, quartiers de la banlieue de Tripoli, joints dans la soirée au téléphone, ont fait état de véritables «massacres» et d'«hommes armés tirant de manière aveugle» et tuant «même des femmes».

De 300 à 400 morts. Le bilan de la répression en Libye se compte désormais en centaines de morts: Human Rights Watch avance le chiffre de 233 morts, tandis que la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a fait état de 300 à 400 morts.

«Beaucoup de villes sont tombées, notamment sur l'est de la côte. Des militaires se sont ralliés» au soulèvement, a déclaré à l'AFP la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, citant notamment Benghazi, bastion de l'opposition.

Face à ces violences, les compagnies pétrolières implantées en Libye, comme le britannique BP, le français Total, l'italien ENI, l'espagnol Repsol, le norvégien Statoil et les allemandes Wintershall et RWE Dea, ont commencé à évacuer leurs salariés.

Les Etats-Unis ont eux ordonné le départ de leur personnel diplomatique «non essentiel». Plusieurs pays européens ainsi que la Russie préparaient l'évacuation de leurs ressortissants.

Conséquence de la situation en Libye - membre de l'Opep et 4e producteur de pétrole en Afrique -, le prix du brut a grimpé lundi au-dessus de 105 dollars le baril à Londres, un niveau plus vu depuis fin septembre 2008.

--> Lire ici le récit de la journée de lundi.

--> A lire aussi, le témoignage d'un soigant Français évacué dimanche soir de Benghazi vers Tripoli, et le récit du parcours de Kadhafi, 41 ans de dictature.