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Mouammar Kadhafi fait une apparition fantôme
Heure par heure.
Dans une intervention aussi brève qu'hallucinante à la télévision d'Etat libyenne, le colonel dément avoir fui le pays, toujours à feu et à sang. Une réunion du conseil de sécurité de l'ONU est prévue ce mardi.
Capture d'écran de la très courte intervention télévisée de Kadhafi hier soir.
L'ESSENTIEL
•Kadhafi a fait une apparition à la télévision très étrange et très brève où il a affirmé qu'il n'avait pas quitté le pays.
•Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait se réunir ce mardi.
•Selon la FIDH, la répression aurait fait entre 300 et 400 morts.
•Plusieurs villes libyennes, dont Benghazi, seraient contrôlées par les manifestants.
10h40. Al-Jezira a dressé une carte des violences qui se seraient produites en Libye ces derniers jours.
View Mapping Violence Against Pro-Democracy Protests in Libya in a larger map
10h30. Une centaine d'Italiens de Benghazi vont être rapatriés par avion militaire. Un C-130 «est prêt à partir d'Italie pour rapatrier une centaine de nationaux qui se trouvent à Benghazi», a déclaré le ministre italien de la Défense Ignazio La Russa à la presse à Abou Dhabi, où il se trouve en visite officielle.
10h15. L'Organisation de la conférence islamique a condamné mardi l'usage de la force «excessive» par les organes de sécurité qui répriment le soulèvement populaire en Libye.
10 heures. L'ambassadeur de Libye à l'ONU prend ses distances avec le régime. Interviewé par Al-Jezira, Ibrahim Dabbashi explique qu'il est «au service du peuple libyen», qu'il n'a jamais été «au service du régime» et qu'ils «n'ont aucun contact» avec les services de Kadhafi.
La nuit de lundi à mardi. Etrange apparition. Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi, invisible depuis le début du mouvement de révolte, a fait une brève apparition en «direct» tard hier soir sur la télévision d'Etat, vraisemblablement depuis sa résidence de Bab Al Azizia à Tripoli. 22 secondes, énorme parapluie en main au sortir d'une voiture. Rien qui visuellement ne permette vraiment de confirmer la présence du leader Libyen à Tripoli.
«Je vais voir les jeunes sur la place verte. C'est juste pour prouver que je suis à Tripoli et non au Venezuela et démentir les télévisions, ces chiens», s'est-il contenté d'affirmer en réponse aux informations diffusées lundi par plusieurs télévisions et médias internationaux, selon lesquelles il aurait quitté la Libye pour le Venezula. Le leader aurait aussi démenti être réfugié en France, selon certaines traductions non encore vérifiées.
Sur un bandeau rouge, la télévision nationale a inscrit ensuite: «Dans une rencontre en direct avec la chaîne satellitaire Al-Jamahiriya, le frère leader de la révolution a démenti les rumeurs des chaînes tendancieuses.»
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait déclaré dans l'après-midi en marge d'une réunion à Bruxelles que le colonel Kadhafi pourrait avoir fui son pays et être en route vers le Venezuela, ce que Caracas avait pratiquement immédiatement démenti.
Le bilan de journée de lundi. Les violents affrontements se sont poursuivis lundi en Libye, y compris dans la capitale Tripoli et dans plusieurs villes aux mains des manifestants.
Là encore la télévision d'Etat dément: «Ils disent qu'il y a des massacres dans plusieurs villes, villages et quartiers en Libye. Nous devons lutter contre ces rumeurs et mensonges qui font partie d'une guerre psychologique», est-il écrit sur un bandeau rouge qui passe sur la télévision Al-Jamahiriya. Ces informations «visent à détruire votre moral, votre stabilité et vos richesses».
Conseil de sécurité de l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réclamé lundi dans un entretien téléphonique avec le colonel que les violences contre les manifestants cessent «immédiatement», selon son porte-parole. Ban Ki-moon a annoncé plus tard la tenue mardi d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la Libye.
La télévision d'Etat libyenne a annoncé que les forces de sécurité menaient une opération contre «les repaires de saboteurs et de terroristes», qui a fait «plusieurs morts» lundi.
L'armée a bombardé des dépôts d'armes situés loin des zones urbaines, selon Seïf Al-Islam, un des fils du colonel, cité par la télévision.
De 300 à 400 morts. Le bilan de la répression en Libye se compte désormais en centaines de morts: Human Rights Watch avance le chiffre de 233 morts, tandis que la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a fait état de 300 à 400 morts.
«Beaucoup de villes sont tombées, notamment sur l'est de la côte. Des militaires se sont ralliés» au soulèvement, a déclaré à l'AFP la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, citant notamment Benghazi, bastion de l'opposition.
Face à ces violences, les compagnies pétrolières implantées en Libye, comme le britannique BP, le français Total, l'italien ENI, l'espagnol Repsol, le norvégien Statoil et les allemandes Wintershall et RWE Dea, ont commencé à évacuer leurs salariés.
Les Etats-Unis ont eux ordonné le départ de leur personnel diplomatique «non essentiel». Plusieurs pays européens ainsi que la Russie préparaient l'évacuation de leurs ressortissants.
Conséquence de la situation en Libye - membre de l'Opep et 4e producteur de pétrole en Afrique -, le prix du brut a grimpé lundi au-dessus de 105 dollars le baril à Londres, un niveau plus vu depuis fin septembre 2008.