"Ils tuent des bébés et ils vendent des lingettes pour bébés... Ces clémentines de Jaffa, c'est autant de bombes avec lesquelles ils détruisent des écoles..."
"On est chez nous ici, ici c'est pas Israël, c'est la France".
Un militant de "Palestine vivra"
Il faut regarder avec attention la
CAPJPO-Europalestine, décrivant l'action de "boycott d'Israël" menée par un groupe de militants de l'organisation "Palestine vivra", dans un magasin Carrefour en banlieue parisienne. Certaines images pourraient prêter à rire, lorsqu'on entend par exemple ces "jeunes" expliquer doctement que les clémentines de Jaffa sont autant de bombes avec lesquelles Israël "détruit des écoles".
Pourtant, il convient de prendre très au sérieux ces images et les intentions de ceux qui les ont tournées, diffusées et organisées. Tout d'abord en raison des sinistres souvenirs qu'elles évoquent. Menahem Macina avait justement illustré, en 2002, un appel contre le boycott des produits israéliens par des
juifs. Cette comparaison est totalement justifiée. On constate d'ailleurs, en lisant les listes de produits "israéliens" diffusées par la CAPJPO et les autres associations appelant au boycott d'Israël, que de nombreux produits n'ont de rapport avec Israël que la consonnance juive du nom PDG de l'entreprise qui les produit ou les soupçons de "sionisme" le concernant... Mais au-delà même de cet aspect, les images des hordes de "jeunes" défilant dans le magasin Carrefour, avec le drapeau palestinien, évoquent aussi de sinistres souvenirs, parce que nous savons bien aujourd'hui que le nouvel antisémitisme est tout aussi meurtrier et dangereux que l'ancien.
Le nazisme, lui aussi, a commencé par des défilés de jeunes gens en chemise brune dans les rues et des appels au boycott des magasins juifs allemands. Les "jeunes" qui défilent, en chemise verte, dans les magasins Carrefour, en vociférant et en appelant au boycott d'Israël, ne sont pas seulement les héritiers et les continuateurs du boycott antijuif des nazis, mais ils sont aussi – et c'est la raison qui doit nous inciter à les prendre au sérieux – les promoteurs de la nouvelle forme que prend aujourd'hui l'antisémitisme génocidaire. La criminalisation d'Israël – dont le boycott est une des formes – et la résurgence du mythe du Juif tueur d'enfant (analysée magistralement par Pierre-André Taguieff dans son dernier livre) sont les illustrations de ce nouvel antisémitisme qui doit être combattu avec autant de détermination que l'ancien. Am Israël Haï !