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jeudi 17 mars 2011

Dieudonné-Ahmadinejad, nouveau tandem tragi-comique

Par Vincent Hugeux, publié le 24/11/2009 à 11:42 - mis à jour le 24/11/2009 à 13:25

Reçu à Téhéran par le président iranien, l'ex-partenaire d'Elie Semoun, "militant antisioniste", prétendait contribuer à la libération de Clotilde Reiss. Démarche "parasitaire", regrettent ceux qui oeuvrent pour le retour en France de la captive.

Dieudonné-Ahmadinejad, nouveau tandem tragi-comique

AFP/François Guillot

Dieudonné a voulu rencontrer Clotilde Reiss, lors de son séjour en Iran.

Non, ce n'est pas un sketch. L'humoriste -du moins tient-il à ce titre- Dieudonné a bien été reçu le samedi 21 novembre à Téhéran par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Entretien d'une heure, "détendu et amical" selon Yayia Gouasmi, président du Parti antisioniste, associé à l'échange. Insolite en apparence, cet impromptu n'aura guère surpris les initiés. Pas davantage que ne les déroute la présence de Jean-Marie Le Pen, parrain d'une fille de "Dieudo" aux réceptions données par l'ambassadeur d'Iran à Paris.

Dans la presse de Téhéran

Le quotidien pro-gouvernemental Tehran Times (en anglais) salue la visite de Dieudonné, qui s'est exprimé au cours d'une conférence sur le cinéma au ministère de la Culture et de la guidance islamique (sic). Le journal donne la parole à l'humoriste qui dit porter de l'intérêt au cinéma iranien, mais ne cite aucun des plus grands réalisateurs reconnus sur la scène internationale. Trouvant une oreille compatissante, il se plaint de l'impossibilité de pouvoir aborder le thème de l'holocauste en France et d'avoir été forcé à annuler 200 représentations dans l'Hexagone à cause du lobby sioniste. Le vice-ministre de la Culture, qui aurait du assister à la conférence, ne s'est pas présenté, remarque le journal, qui ne mentionne en revanche à aucun moment l'affaire Clotilde Reiss.

La rencontre aurait fort bien pu survenir à la faveur d'une de ces conférences sur "le mythe de l'Holocauste" qu'orchestre volontiers la République islamique, refuge des négationnistes impénitents. Nul n'a oublié que celui qui se défend de tout antisémitisme fit acclamer sur scène Robert Faurisson, gourou du déni de la Shoah. Une névrose tenace, maintes fois relayée au demeurant par l'islamo-populiste Ahmadinejad, qui juge l'Etat d'Israël voué à la disparition.

Certes, les deux hommes ont causé sionisme. Mais cette fois, l'ex-partenaire d'Elie Semoun aurait aussi obéi à l'en croire à un élan patriotique. Il s'est rendue le lendemain de manière inopinée à l'ambassade de France à Téhéran, rue Nofel-Loshato. Là, il a vainement demandé à rencontrer "son amie" Clotilde Reiss, que, selon un témoin, "il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam".

Assignée à résidence depuis la mi-août dans l'enceinte de la représentation tricolore, dans l'attente d'un jugement définitif, l'ex-lectrice de français de l'université d'Ispahan, accusée sans fondement d'espionnage au lendemain des émeutes populaires de juin dernier, s'abstient de recevoir tout visiteur extérieur "dans la phase judiciaire en cours". Mais il est clair que l'identité de ce visiteur-là, reçu par le premier secrétaire de la chancellerie, n'a pas incité les hôtes de Clotilde à modifier la règle. Selon un diplomate familier du dossier, la démarche du candidat malheureux aux élections européennes "parasite" les efforts entrepris en coulisse pour obtenir le retour de la captive dans l'Hexagone. "Dieudonné vient faire sa pub sous un prétexte humanitaire, constate cette source. Or, nous évitons comme la peste toute médiatisation de l'affaire. Quand, en outre, elle est incarnée par un tel personnage, au secours!" Le cas de la Française a-t-il été abordé lors de la rencontre avec Mahmoud Ahmadinejad? Interrogés sur ce point par le premier secrétaire de l'ambassade, les deux hôtes du président iranien ont fait valoir qu'ils n'avaient "le droit de ne rien dire". Merci encore pour ce précieux concours.