Houlala, voilà notre microcosme transi au bord de la crise de nerfs !
Décidément la Grande Crise ne profite guère aux huileux du cénacle. Ceux-là pètent carrément les plombs en ce moment.
A l'exemple d'un Plantu amalgamant Mélenchon et la fille Le Pen, d'un Attali offusqué du dézinguage de Sarkozy par Emmanuel Todd sur France 3, ou par les retournements de vestes pitoyables du sérail dans l'affaire Ben Ali.
« C'est çui qui l'dit qui l'est ! »
Jean Plantu, c'est ce dessinateur de presse qui inonde depuis des lustres le quotidien le Monde et autres médias microcosmiques de ses dessins à l'impertinence bien tempérée, à l'inconvenance convenable et bien propre sur elle.
Avec les colombes dont il parsème volontiers ses dessins, vous savez à qui il me fait penser, Plantu ? A Elie Wiesel, ce prix Nobel de la paix… mais pas pour tout le monde ! Pas à Gaza, pas dans les territoires occupés palestiniens…
Parce que notre Plantu, il est un peu comme ces amuseurs patentés de cour, dont tous les courtisans louent la gentillesse et la mesure. Mais qui tombent le masque et se font roquets atrabilaires dès que leur petit cercle douillet est menacé. Gardez-moi à droite, gardez-moi à gauche !
À preuve ce dessin injecté de sang paru dans l'Express, assimilant Mélenchon à Marine Le Pen avec la finesse d'un potache en cour de récré : « Pourris ! » « C'est çui qui l'dit qui l'est ! » (Voir le dessin)
« Vous dépassez les limites »
« Vous dépassez les limites, vous parlez du président de la République ! »
Telle fut l'injonction qu'un Jacques Attali lança à Emmanuel Todd en septembre 2010 dans l'émission « Ce soir ou jamais » de Frédéric Taddéi (France 3). Il faut dire que Todd, aidé par l'humoriste Didier Porte, y dézinguait proprement l'actuel résident de l'Elysée, qualifié de « machin » immature, tout juste prêt à justifier une destitution constitutionnelle. (Voir la vidéo)
Le problème, c'est que les limites invoquées par Attali, l'animateur offusqué et les autres invités poudrés du plateau, c'est le microcosme lui-même qui les décide. Elle servent de garde-fou à son petit cocon, ses petits intérêts bien compris, sa tranquillité assurée contre les convulsions de la plèbe.
Et le plus rigolo dans l'affaire, c'est que contrairement aux apparences, ces limites, ce ne sont pas Todd et les autres perturbateurs extérieurs qui les font tomber. Mais d'abord les protégés eux-mêmes. Par leur attitude grotesque et veule sous la pression d'évènements calamiteux qu'ils ont eux-mêmes déclenchés ou soutenus.
Affaire Ben Ali : retournements de vestes à la pelle
En témoigne cette tragi-comique affaire Ben Ali. Oh mazette, ces retournements de vestes précipités dans notre microcosme en émoi !
Haro sur celui qui, il y a encore peu, n'était « pas tout à fait un dictateur » (Frédéric Mitterrand), qu'on proposait de protéger de nos forces sécuritaires expérimentées (Michèle Alliot-Marie scandalisée, forcément scandalisée), et qui les accueillait avec force attentions et même médailles (DSK) dans de somptueuses résidences d'Hammamet.
Les voilà, « machin » de la République en tête, qui agonisent leur ami déchu avec la férocité hargneuse d'un Plantu vis-à-vis de Mélenchon. Les voilà qui le déclarent, lui et sa bande de Trabelsi, personna non grata. Les voilà qui lui gèlent méchamment son pognon… sous l'œil rigolard du monde entier ahuri d'autant de ridicule consommé.
Vous savez qui ils me rappellent ? Ces ex-adulateurs pétainistes qui tondirent leurs femmes à la Libération au nom d'une Résistance qu'ils n'avaient pas franchement connue. Et pour cause !
Ah oui, vraiment, sale temps pour nos dindons de basse-cour affolés par l'orage. Boum !