Par Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images | 21/01/2011 | 10H37
Des débats enflammés, ardents, mais respectueux sur la morale en politique, la sincérité, l'efficacité : voilà le spectacle ébouriffant que nous offre en live, depuis une semaine maintenant, la révolution tunisienne.
Et en prime, la réinvention par Twitter du rôle de porte-parole du gouvernement, par le désormais célébrissime Slim Amamou, dit @Slim404, secrétaire d'Etat blogueur à la Jeunesse et aux Sports. Et toujours en prime, l'humour.
Allez vous promener où vous voudrez, dans la floraison des sites de la révolution tunisienne, que je n'en finis pas d'explorer. Je recommande particulièrement, pour aujourd'hui, ces conseils pratiques de Hamza Bouallègue dans l'art du retournement de veste. Ils s'adressent à un très large public.
Et chez nous ? Par contraste, on dirait que le benalisme s'y est subitement transporté, installé, enkysté.
La tête encore pleine de la révolution tunisienne, je regardais jeudi soir le dignitaire sarkozyste Hortefeux, condamné pour injure raciale, venant faire la retape de ses succès sécuritaires, joli graphique à l'appui, devant la présentatrice officielle de TF1 (pour ceux qui auraient la vue basse, le joli graphique sur la vidéo ci-dessous est d'une lecture simple : entre le rouge et le vert, la limite est marquée par l'année 2002, année de l'installation de Qui Vous Savez au ministère du Savoir-faire sécuritaire, reconnu dans le monde entier). Un grand moment de benalisme banal. (Voir la vidéo à partir de 11'40)
Là-bas, transparence totale. Et ici, langue de bois et no comment. No comment du ministère de l'Education, par exemple à propos de ce qu'on apprenait ce matin sur France Inter : les recteurs français ont touché, en 2010, une prime annuelle pouvant monter jusqu'à 22 000 euros. Jusque-là, ce n'est pas une nouveauté.
Ce qui est une nouveauté, c'est qu'une partie de cette prime, pour la première fois en 2010, a été attribuée aux recteurs en fonction des résultats obtenus, notamment en matière de suppressions de postes dans leur académie.
Sur cette prime à la casse d'un genre inattendu, et réservée à quelques privilégiés, les médias du régime se sont montrés jusqu'à aujourd'hui particulièrement discrets (je n'en trouve trace, parmi les médias traditionnels, que dans un article du site du Monde). Vivement que la jeune République tunisienne nous propose son assistance, pour la création d'une presse véritablement démocratique.
Illustration : Hortefeux sur le plateau du 20 heures le 20 janvier 2011