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samedi 15 janvier 2011

FUITE DE BEN ALI - Chronologie d'un mois de contestation en Tunisie

La rue a été la plus forte : le président Ben Ali a finalement quitté son pays, vendredi, au terme d'une série d'émeutes sanglantes.
FUITE DE BEN ALI - Chronologie d'un mois de contestation en Tunisie

Tunis et certaines villes de province ont connu, vendredi, des manifestations de masse, où la foule a demandé le départ du président tunisien au pouvoir depuis 23 ans © Christophe Ene / Sipa

SOURCE AFP

Voici un rappel des événements en Tunisie, où le président Ben Ali a quitté le pouvoir à la suite d'un mouvement de contestation sociale sans précédent.

19-20 décembre : début du mouvement social contre le chômage et la vie chère à Sidi Bouzid (centre-ouest) en réaction à l'immolation, le 17, d'un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, qui protestait contre la saisie de sa marchandise par la police. Violents affrontements entre forces de l'ordre et jeunes manifestants. Début d'une vague d'arrestations.

Le 24 décembre : la police tire sur des manifestants à Menzel Bouzayane (60 kilomètres de Sidi Bouzid) : deux morts.

Le 28 décembre : le président Zine el-Abidine Ben Ali dénonce une "instrumentalisation politique".

3-7 janvier : violences à Saïda et manifestations à Thala (centre-ouest) marquées par des saccages et l'incendie de bâtiments officiels.

8-10 janvier : émeutes sanglantes à Kasserine (centre-ouest), à Thala ainsi qu'à Regueb (près de Sidi Bouzid) : 21 morts, selon les autorités, plus de 50, selon une source syndicale. Affrontements à Kairouan (centre).

10 janvier : le président Ben Ali dénonce des "actes terroristes" perpétrés par des "voyous cagoulés" et promet la création de 300.000 emplois supplémentaires d'ici 2012.

11 janvier : premiers affrontements à Tunis et sa banlieue, poursuite des violences à Kasserine. Fermeture des écoles et des universités.

12 janvier : le Premier ministre annonce le limogeage du ministre de l'Intérieur, la libération des personnes arrêtées, sauf celles "impliquées dans des actes de vandalisme", et une enquête sur la corruption. Plusieurs morts dans des manifestations à travers le pays, notamment un Franco-Tunisien à Douz (sud). L'armée se déploie dans Tunis et dans la banlieue populaire de Ettadhamen. Arrestation du chef du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT, interdit) Hamma Hammami. Couvre-feu nocturne à Tunis et sa banlieue où des affrontements font huit morts (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, FIDH). Les manifestants ciblent les symboles du pouvoir et de l'argent.

13 janvier : retrait de l'armée à Tunis qui reste quadrillée par les forces spéciales. Un manifestant est tué par balle. La France se dit inquiète de "l'utilisation disproportionnée de la violence". Destructions et pillages dans la station touristique de Hammamet (60 kilomètres au sud de Tunis). Dans un discours à la nation, Ben Ali s'engage à quitter le pouvoir en 2014 et ordonne la fin des tirs contre les manifestants. Il promet la "liberté totale" d'information et d'accès à Internet et annonce une baisse des prix. Treize morts à Tunis (sources médicales), deux à Kairouan pendant l'intervention télévisée. Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) appelle au renversement du régime (Service américain de surveillance des sites islamistes, SITE).

14 janvier : des milliers de manifestants, aux cris de "Ben Ali, dehors !", se rassemblent à Tunis et en province, notamment à Sidi Bouzid. Violents heurts dans la capitale entre des groupes de manifestants et des policiers antiémeute. Des blindés de l'armée se déploient devant les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères ainsi que devant la télévision et la radio nationales. Ben Ali limoge son gouvernement et appelle à des législatives anticipées dans six mois, annonce le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui indique avoir été chargé de former le nouveau gouvernement. Rapatriement de milliers de touristes européens. L'état d'urgence est décrété dans tout le pays. L'armée contrôle l'aéroport, l'espace aérien est fermé. Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi annonce à 18 heures (heure de Paris) à la télévision qu'il assure l'intérim de la présidence en remplacement de Zine el-Abidine Ben Ali, qui a quitté le pays après 23 ans de pouvoir. Mohamed Ghannouchi lance un appel à l'unité des Tunisiens et s'engage au respect de la Constitution.