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mercredi 26 janvier 2011

Tunisie. Les absences de marque de la «liste suisse»

Mercredi, 26 Janvier 2011 08:09

La liste des Tunisiens apparentées et/ou liées au président déchu Ben Ali, dont les avoirs ont été gelés en Suisse, se caractérise par des «oublis» pour le moins inexplicables.


Cette liste, rendue publique le 19 janvier par le Conseil fédéral suisse, contient des noms d’hommes d’affaires qui n’auraient pas dû y figurer, parce qu’ils étaient plutôt les victimes du système mafieux de Ben Ali qui les rackettait. Ses auteurs omettent cependant de citer certains associés organiques du clan Ben Ali-Trabelsi, qui continuent de se la couler douce, rasant les murs et cherchant à se faire oublier en attendant que la tempête passe.

Touil, Sta, Meddeb et les autres
Beaucoup d’observateurs en Tunisie se demandent pourquoi cette liste émanant du gouvernement Suisse ne contient-elle pas les noms des vrais associés du clan Ben Ali-Trabelsi. Ils pensent notamment à l’entreprise suisse Nestlé, où Moncef El Materi, père de Sakher El Materi, le gendre préféré de Ben Ali, occupait, jusqu’à récemment un poste d’administrateur.
Ils pensent aussi à l’inévitable Hamadi Touil, le fameux homme de confiance de Belhassen Trabelsi, ci-devant concessionnaire de Ford, Man, Jaguar et Landrover.
Il y a aussi Lazhar Sta, associé du même Belhassen Trabelsi dans le fameux projet, ô combien controversé, de Carthage Cement.

sakhr el materi
Faouzi Benaceur et Sakher El Materi à l’occasion d’une réception organisée par Cavali en France.

Quid aussi de Hamdi Meddeb, fondateur et Pdg du groupe Délice, qui vient de s’associer avec Sakher El Materi pour prendre des parts dans le capital de l’opérateur de téléphonie mobile Tunisiana. A-t-il été contraint de s’associer à cette opération? Par qui? Et pourquoi a-t- il accepté de servir la soupe à El Materi?
L’intéressé répondra sans doute à toutes ces questions devant la commission d’enquête sur la corruption présidée par Me Taoufik Bouderbala, qui devrait vérifier les conditions dans lesquelles cette opération et beaucoup d’autres ont eu lieu. L’absence du nom de Meddeb dans la liste «préliminaire» de la Confédération suisse laisse cependant planer des doutes sur la méthode employée dans son établissement.

Les réseaux occultes
Les noms de Mehdi Ben Gaied, fiancé de Halima Ben Ali, bombardé depuis peu Pdg de Stafim Peugeot et de son père Riadh Ben Gaied, administrateur à l’Amen Bank et Pdg de Spipa «La Pâtissière», figurent certes sur la liste suisse. Certains observateurs se demandent néanmoins pourquoi les noms des oncles de Mehdi Belgaïed n’y figurent-ils pas eux aussi. On pense à Lassâad, Ridha, Adel et Houcem Belgaied. Ce dernier est marié à la fille d’Abderrahim Zouari, ex-ministre du Transport, un proche de Leïla Trabelsi qui aurait trempé dans les affaires des frères Trabelsi. Les Belgaïed n’auraient-ils pas bénéficié, à un niveau qu’il faudrait déterminer, de leurs alliances croisées avec le clan Ben Ali-Trabelsi? La lumière mérite d’être faite sur ce sujet, avant d’avancer des accusations.
Autre nom qui aurait mérité de figurer dans la liste suisse: celui du Franco-tunisien Faouzi Benaceur, connu en France sous le nom de François Bennaceur, qui est derrière les acquisitions de la famille Ben Ali et, particulièrement, celles de Sakher El Materi. Selon certaines sources, Faouzi Benaceur aurait aidé l’époux de Nesrine Ben Ali à placer de l’argent à l’étranger. Et peut-être même en Suisse.
Il va falloir attendre les résultats des enquêtes qui seront diligentées dans les prochaines semaines par les nouvelles autorités tunisiennes pour en savoir plus sur les réseaux occultes des Ben Ali-Trabelsi en Suisse, et dans le reste du monde, de Montréal à Dubaï.

Imed Bahri