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jeudi 17 mars 2011

Un député arabe du Parlement israélien

publié par l'Institut Hudson, 9 mars 2010

Texte anglais original: For Israel’s Arabs It Is Not Apartheid

Un député arabe du Parlement israélien [Knesset] qui fait le long voyage pour se rendre aux États-Unis et au Canada dans le but de dire aux étudiants et professeurs d’université qu’Israël est un État d’apartheid, n’est pas seulement un hypocrite et un menteur, mais il cause également des dommages énormes aux intérêts de ses propres électeurs arabes et de tous les électeurs.

Si Israël est un Etat d’apartheid, que fait cet Arabe à la Knesset ? L’apartheid ne signifie-t-il pas justement que quelqu’un comme ce député de la Knesset ne serait pas autorisé à se présenter aux élections ?

Heureusement, les citoyens arabes peuvent fréquenter les mêmes plages, les mêmes restaurants et les mêmes centres commerciaux que les Juifs dans cet « Etat d’apartheid ». En outre, ils peuvent se présenter à n’importe quelle élection et même avoir un ministre au gouvernement (Ghaleb Majadlah), pour la première fois.

Dans cet « Etat d’apartheid », la communauté arabe a une presse libre que de nombreux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza leur envient. Ironie de situation : un journal arabe de Nazareth ou de Haïfa sous législation israélienne bénéficie de plus de liberté que les médias contrôlés par le Hamas et le Fatah, ou par la plupart des dictatures arabes corrompues.

Autre ironie : ce membre du Parlement qui se plaint de l’apartheid jouit de plus de privilèges que la plupart des Juifs et des Arabes en Israël. En tant que parlementaire, il a le droit de faire beaucoup de choses qu’un citoyen ordinaire ne peut pas faire, essentiellement grâce à l’immunité dont il bénéficie en tant que représentant élu.

Son immunité parlementaire lui permet de pénétrer dans des zones où les simples citoyens juifs et Arabes ne peuvent accéder. Ce membre de la Knesset peut se rendre, par exemple, dans les territoires contrôlés par l’Autorité Palestinienne, alors qu’ils sont interdits aux simples citoyens israéliens depuis de nombreuses années.

Ce membre de la Knesset peut aussi parfois même contrevenir à la loi en visitant des pays hostiles comme la Syrie et le Liban et tenir des réunions publiques avec les dirigeants du Hamas et du Hezbollah [1].

Il est vrai que la communauté arabe d’Israël a longtemps été confrontée à des problèmes réels, qui doivent être traités d’urgence. Le principal problème est et demeure la discrimination par l’Establishment en particulier quand il s’agit de l’emploi, des infrastructures et de l’allocation des fonds publics et des terres.

Néanmoins, les citoyens arabes ne luttent pas pour la séparation d’Israël. Ils se battent plutôt pour l’intégration, l’égalité, de meilleurs services et un meilleur traitement. Les citoyens arabes sont heureux de vivre en Israël, où ils ont toujours eu une moyenne de 10 députés [2] à la Knesset.

En dénonçant Israël comme un Etat d’apartheid, ce membre du parlement, qui s’est envolé pour l’Amérique du Nord, aide effectivement ceux qui essayent d’éviter le vrai problème : la discrimination. En se focalisant sur la question de l’apartheid, il détourne l’attention du problème réel et trahit les intérêts de son propre peuple.

Les citoyens arabes d’Israël préféreraient voir leurs députés siéger au parlement et lutter pour l’égalité et de meilleurs services pour le secteur arabe plutôt que de les voir participer à la « Semaine de l’Apartheid d’Israël » dans une université d’Ottawa ou de Toronto.

Il est difficile de comprendre comment la participation d’un député arabe de la Knesset à la « Semaine de l’Apartheid d’Israël » sur un campus universitaire aux États-Unis ou au Canada, aide la cause des un million quatre cent mille citoyens arabes d’Israël. En fait, cela pourrait être dommageable aux citoyens arabes et à leur combat contre la discrimination.

La présence de ce député arabe israélien sur ces campus joue en faveur des Israéliens qui accusent les citoyens arabes (la majorité d’entre eux restant loyale à l’État) d’être « une cinquième colonne » et un « ennemi de l’intérieur ». Plus les Juifs auront peur de leurs concitoyens arabes, plus ces derniers vont souffrir.

La meilleure façon de contredire les extrémistes comme ce député, est d’offrir aux citoyens arabes des services et des droits égaux. Bien sûr, Israël n’est pas un Etat d’apartheid. Mais Israël doit se réveiller et commencer à s’attaquer sérieusement au problème de la minorité arabe avant qu’il ne soit trop tard.

Khaled Abu Toameh

Institut Hudson, New York

NOTES DE LA TRADUCTRICE


[1] C’est déjà arrivé plusieurs fois.


[2] 10 députés sur 120 membres de la Knesset, ce qui correspondrait à 48 députés arabes (sur 577) à L’Assemblée Nationale en France !